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Colloque Albert Camus
L'autre Camus, le conformiste
Publié dans El Watan le 31 - 10 - 2005

Le colloque sur l'écrivain controversé pour ses positions sur l'indépendance de l'Algérie s'est transformé très vite en procès. Henri Alleg, ancien directeur d'Alger républicain, a été très peu tendre à l'égard de l'auteur de La peste.
L'homme est prévoyant. Il met en garde l'assistance. « Mon discours ne va pas plaire. Je resterai pour répondre à chacun d'entre vous. J'ai été le dernier directeur d'Alger républicain où Camus avait travaillé. Je ne suis pas là pour parler du style ou du talent d'Albert Camus, mais de son comportement politique qui est loin d'être un modèle », lance Henri Alleg. Le militant communiste à l'engagement jamais démenti ne cache pas que sa présence est motivée par son désir de dépoussiérer le mythe Camus. Le colloque se transforme très vite en procès du prix Nobel de la littérature 1957. L'objectif de ce colloque organisé par l'Association de culture berbère (ACB) était d'aller à la découverte de l'autre Camus. « 40 ans après l'indépendance de l'Algérie, nous devons poser un regard critique sur l'œuvre de Camus et réaliser que ce grand écrivain algérien, dont nous sommes fiers à la fois comme Français et comme Algériens, était opposé au système colonial, non pas pour sa nature mais pour ses dysfonctionnements », notent les organisateurs. Henri Alleg ira au-delà de leurs espérances. Devant une assistance partagée, il s'emploiera à casser Albert Camus l'ancien militant communiste. « Pourquoi a-t-il reçu le prix Nobel ? En 1957, on était en pleine guerre froide. Il s'était engagé contre le monde socialiste au bénéfice de la démocratie occidentale, du capitalisme. » Toujours très en colère contre l'humaniste auquel il ne pardonne pas son manque d'engagement en Algérie, Henri Alleg, tout en refusant de s'immiscer dans le débat littéraire, rappellera que l'enfant de Belcourt avait écrit un formidable reportage sur la misère en Kabylie en 1937. Il encense le journaliste pour mieux critiquer l'homme politique. « Il va à Tizi Ouzou et découvre des tableaux qui l'indignent, des enfants qui se disputent le contenu des poubelles aux chiens pour un morceau de pain ou encore une femme pesant 35 kg. Cette ignorance traduit l'état d'esprit des Européens. Camus proteste et s'indigne. Il proteste en disant : quand est-ce que l'Algérie sera vraiment française ? Camus ne s'est intéressé, même dans ses romans, qu'à l'Algérie française. Il avait dit à un ami à lui que si l'Algérie accédait à l'indépendance, il s'exilerait au Canada ! », s'indigne à son tour Henri Alleg.

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