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La sélection de l'ONAT et du TCA pour le hadj a été décidée sans aucune explication Bachir Djeribi. Président du Syndicat national des agences de voyages Algérie (SNAV)
En plus de la sélection exclusive de l'Office national du tourisme et du Touring Club Algérie pour l'organisation du hadj 2010, le nouveau cahier des charges concernant l'activité touristique vient de soulever l'indignation des agences de voyages et de tourisme. Bachir Djeribi, président du Syndicat national des agences de voyages Algérie (SNAV), décortique les récentes décisions «désavantageuses» pour son secteur. -Bon nombre de pèlerins algériens se plaignent des prestations des agences de voyages aux Lieux Saints. Comment expliquez-vous le fiasco de la omra 2010 ? Certaines agences ont failli à leur mission, certes, mais pas toutes. Les autorités doivent faire une enquête, convoquer et écouter les agences concernées, car elles sont facilement identifiables. Pour cette raison, je demande aux autorités de mettre en place une commission de sages qui rendra justice aux pèlerins en donnant, bien évidemment, la parole aux parties impliquées. Mais il ne peut pas y avoir de sanction sans enquête et concertation. De sorte que les choses se passent dans la transparence la plus totale, nous avons sur place (en Arabie Saoudite) des représentants qui vont revenir avec des rapports et des photos. On attend que les Algériens achèvent leur omra pour provoquer une réunion avec le ministre du Tourisme en vue de parvenir à un terrain d'entente concernant cette cacophonie et les dispositions du nouveau décret exécutif. -Seuls l'Office national du tourisme (ONAT) et le Touring Club d'Algérie (TCA) ont le droit d'organiser l'opération du hadj 2010. Quelle a été la réaction des agences de voyages suite à cette décision ? Cette décision a été prise en Conseil du gouvernement, ce qui explique son caractère irrévocable. Les agences de voyages et de tourisme ont été écartées dans l'organisation de la Coupe d'Afrique des nations de l'Angola, dans celle de la Coupe du monde et celle du hadj 2010. Certaines agences s'occuperont seulement de récupérer les passeports des pèlerins et de les transférer à l'ONAT et au TCA. On ne peut même pas appeler ça de la sous-traitance. Je n'ai aucune explication à donner puisque tout est flou. -La compagnie nationale Air Algérie accuse les agences de tourisme d'être responsables de l'organisation chaotique de la omra 2010… Faire une guerre médiatique n'arrange ni les intervenants ni les agences de voyages et de tourisme. Ca ne sert à rien de fustiger les uns et les autres. On attend les gens qui sont allés faire des rapports sur les Lieux Saints pour pouvoir apporter des éléments de réponse à la question de la mauvaise organisation de la omra 2010. Je propose au PDG d'Air Algérie, Abdelwahid Bouabdallah, de sous réunir et d'exposer le problème de manière sage et mature sans nous rejeter la balle. -Le nouveau cahier des charges, fixant les modalités de création et d'exploitation des agences de tourisme et de voyages publié dans le Journal officiel n°44 du 21 juillet 2010, fait l'objet d'une contestation de la part de la majorité des agences de voyages. Quelles en sont les raisons ? Avant de parler de contestation, ce cahier des charges a été établi sans associer les différents acteurs du secteur du tourisme. L'idéal aurait été de mettre en place une commission composée des représentants du ministère du Tourisme, celui de l'Intérieur et celui des Affaires étrangères ainsi que des délégués des agences de voyages pour mettre en vigueur cette nouvelle loi. Mais je tiens à ajouter que même si une quelconque commission existait, cela n'aurait pas changé grand-chose puisque au temps de l'ex-ministre déjà, il existait une commission présidée par le directeur général de l'Ecole du tourisme d'El Aurassi, mais qui ne s'est jamais réunie. Ce sont des décisions désavantageuses qui ne vont pas encourager les Algériens à investir dans le secteur du tourisme. -Quelles sont les dispositions du cahier des charges les plus contestées ? La première contrainte à laquelle devront se conformer les agences de voyages, c'est la catégorisation. Le nouveau décret procède à une catégorisation : la catégorie A est destinée aux agences de tourisme et de voyages qui désirent activer principalement et/ou exclusivement dans le «tourisme national», à savoir l'ensemble des prestations sur le territoire national au profit de la demande interne. Dans la même catégorie (A), les agences de voyages peuvent activer dans le «tourisme réceptif» qui entend l'ensemble des prestations sur le territoire national au profit de la demande externe. Quant à la catégorie B, elle est destinée aux agences de tourisme et de voyages qui désirent activer principalement et/ou exclusivement dans le tourisme émetteur de touristes au plan international. Pour accéder à la catégorie A, il faudra convaincre les agences avec les avantages à en tirer. Mais dans ce cas, l'agence de voyages peinera à survivre en comptant uniquement sur les prestations offertes à la demande externe. Car sans vouloir remuer le couteau dans la plaie, le nombre de touristes est considérablement inférieur à celui des Algériens qui voyagent à l'étranger, notamment en période estivale, estimés à 3 millions de voyageurs. -La licence est désormais valable pour trois années… Restreindre la licence à une durée de trois années, c'est mettre à mort les agences de tourisme et de voyages. Avant ce fameux décret, la licence était valable pour une durée illimitée. Dorénavant, les agences devront la renouveler chaque trois années, ce qui est très insuffisant pour réaliser les objectifs escomptés. Aucun investissement dans le tourisme ou autre ne peut se concrétiser en moins de cinq ans. Par ailleurs, on exige aux agences de recruter des guides touristiques agréés par le ministère du Tourisme. A ce sujet, je défie quiconque de me garantir qu'il y a autant de guides agréés par le ministère du Tourisme pour répondre à la demande des agences de tourisme. -Quelles sont les conséquences de ces mesures sur le rendement des agences de voyages et de tourisme ? En plus des pertes financières importantes que vont enregistrer les agences de voyages, leur image prendra un coup et leur clientèle sera perturbée. D'ailleurs, on ne peut pas appliquer la même loi à toutes les agences de voyages. Particulièrement, celles du Sud qui ne travaillent que cinq mois par an, au maximum. Cette année, ces agences passeront une année blanche, à cause, entre autres, de l'insécurité qui caractérise notre désert et de l'interdiction de descendre jusqu'au Tassili du Hoggar. Comment vont survivre ces gens-là ?