Il faut attendre ! Chaque mardi, des dizaines de candidats se présentent au circuit de Mohammadia pour passer leur examen de code, de manœuvres ou de circulation. D'abord, il faut attendre l'examinateur, car ce n'est pas toujours qu'il vient à l'heure. Ensuite, il faut attendre son tour ou plutôt avoir la chance d'avoir un nom de famille qui commence par la lettre A, car l'appe se fait par ordre alphabétique. Quant l'examinateur est là et que vous avez la chance de passez le premier, il faudra faire avec les moyens du bord improvisés par les moniteurs et les examinateurs eux-mêmes. Car le circuit en question n'est ni plus ni moins, que des routes secondaires traversant l'agglomération de Lavigerie dans la commune de Mohammadia, voire des impasses aménagées, pour la circonstance, en circuit d'examination. Et avec l'affluence de tous les moniteurs d'Alger des centaines d'automobiles sur ce « circuit », puisque c'est seulement les mardis qu'un examen est programmé par la direction des transports, vous pouvez imaginer alors toute l'anarchie ambiante. Le premier responsable de cette situation n'est autre que la direction des transports de la wilaya d'Alger qui n'a pas, à ce jour, daigné aménager un circuit d'examination digne du nom, un circuit qui, s'il existait, permettrait non seulement la bonne tenue des examens mais aussi des cours de manœuvres dispensés à longueur de semaine par les moniteurs. Pas d'abris pour se protéger de la canicule et de la pluie. Pas de toilettes. Pas de cafés ni de gargotes. A plus forte raison, les examens reposent souvent sur une bonne préparation psychologique. Autre détail, ce « circuit » n'est même pas desservi, ce qui nécessite au moins 20 mn de marche depuis les arrêts de bus de Cinq maisons. Un problème d'aménagement du territoire ? Assurément oui ! Avarice et complicité Parlant des moniteurs qui disposent de véhicules « vétustes », l'un d'eux explique qu'il ne faut pas généraliser. « C'est vrai qu'il y a ceux qui vous disent : moi je n'investis pas dans un nouveau matériel pour apprendre aux candidats la conduite. Comme quoi cela est plus rentable pour eux. » C'est bien le cas, puisque un nombre important de moniteurs continue de travailler avec des Zastava des années 1980, voire des années 1970, des véhicules avec lesquels il est difficile d'effectuer de bonnes manœuvres, encore moins des démarrages en côte (sic !). Que fait dans ce cas la direction des transports ? Y a-t-il un contrôle qui se fait ? Visiblement rien ! Pourtant pour ce qui est des taxis par exemple, des mesures ont été prises à destination des propriétaires pour qu'ils renouvellent leur véhicule, afin d'offrir aux usagers plus de sécurité. Pourquoi dans ce cas rien n'est fait à l'encontre des moniteurs pour qu'ils renouvellent, eux aussi, leurs outils de travail ? Ce qui aboutira sur des formations de base efficaces. Soulever aujourd'hui le problème des accidents de la circulation peut s'apparenter à un discours de sourds tant qu'aucune considération n'est donnée à la formation et tant que des mesures régressives ne sont pas instaurées à l'egard des « parvenus » de la formation automobile. Car c'est seulement à travers ces actions qu'on pourra diminuer un jour l'hécatombe sur nos routes. Contacté pour plus d'explications, le directeur des transports « était chez le wali », répond sa secrétaire au téléphone.