Deux décennies après la chute du mur de Berlin, les ressentiments existent toujours des deux côtés de la frontière. Tombé le 9 novembre 1989, le mur de Berlin continue à marquer la vie de la population allemande, alors que les jeunes générations ont du mal à imaginer la vie à cette époque«Papa, c'est quoi le communisme ?» Pour beaucoup d'Allemands, la chute du mur de Berlin, l'existence de deux Etats allemands séparés par un rideau de fer, sont des événements très lointains. Une station de radio, Deutschlandfunk, recueille, ces jours-ci, les récits de jeunes Allemands nés il y a vingt ans au moment où les deux Allemagne et la ville de Berlin déchirée, pendant près de trente ans, en deux, trouvaient leur unité. «Mes parents et mes grands-parents se réjouissent toujours d'un rien», s'étonne un jeune né le 29 novembre 1990, dans une petite ville en Saxe. «Je pense que la raison est qu'ils n'avaient pas grand-chose lorsqu'ils vivaient en Allemagne de l'Est.» Les jeunes Allemands d'aujourd'hui ont du mal à s'imaginer la vie en Allemagne de l'Est, la partie communiste du pays qui s'appelait alors RDA, pour République démocratique allemande. Ils ont du mal à imaginer que les gens devaient alors attendre dix ans pour acheter une voiture de piètre qualité, qu'il n'y avait pratiquement jamais d'oranges ou de bananes, et que seuls les fidèles du régime communiste avaient la possibilité de voyager à Paris, à Londres ou à Hambourg. «Je ne sais pas grand-chose sur la RDA», avoue un autre jeune né le 12 juillet 1990, à Cologne. A Berlin Ouest, on associe à l'Allemagne de l'Est surtout les plages de nudistes : «Après l'unification, les Allemands des deux parties de Berlin aimaient bien y aller.» Une jeune Allemande, quant à elle, traite les deux Allemagne en classe. Mais, elle aussi, a du mal à s'imaginer la vie dans ce pays. « Ils n'avaient pas le droit de voyager à l'étranger. Je n'arrive pas à m'imaginer comment ils faisaient pour s'arranger avec une telle restriction. » Vingt ans après l'unification allemande, le pays reste coupé en deux, les ressentiments existent toujours des deux côtés de cette frontière, qui n'est plus visible. D'un côté, les ex-Allemands de l'Est pour qui les «Besserwessis», les Allemands de l'Ouest, débordent d'arrogance et savent tout, mieux que quiconque. De l'autre, les ex-Allemands de l'Ouest pour qui les pauvres «Ossis», c'est-à-dire les Allemands de l'Est, sont trop paresseux pour aller travailler et vivent sur le dos des Allemands de l'Ouest. Même parmi les Allemands âgés de 20 ans, il se trouve des jeunes qui souffrent de cette déchirure et qui regrettent le socialisme : «Il n'y a plus d'égalité et de solidarité en Allemagne», constate avec amertume un adolescent né à Potsdam, près de Berlin… dans l'ex- Allemagne de l'Est.