Ramener les relations algéro-russes au niveau où elles étaient avant la fin de la guerre froide. Il s'agit là, visiblement, de l'un des objectifs que s'est fixés le gouvernement russe. Et la réalisation de cet objectif passerait, selon le partenaire russe, par un partenariat commercial solide. En clair, les Russes jouent la carte de la vieille amitié pour reprendre pied à Alger et plus généralement en Méditerranée. C'est en tout cas ce qu'a laissé entendre le ministre russe de l'Energie et représentant de la commission intergouvernementale russo-algérienne, Sergey Shmatko, dans son discours prononcé, hier à Alger, à l'ouverture des travaux du Forum d'affaires algéro-russe auxquels ont assisté, entre autres, Mohamed Benmeradi, ministre algérien de l'Industrie et de la Promotion des investissements, M. Taïeb Ezzraïmi, P-DG de SIM, et Igor Kazar, responsable de l'entente algéro-russe. «Notre souhait est de rétablir des relations commerciales durables. Le fait que nous soyons entre gens de confiance et qu'il existe une longue tradition d'amitié entre nos deux peuples constitue un atout non négligeable. J'espère qu'ils (les peuples algérien et russe) seront comme avant», a indiqué le responsable russe. Une manière sans doute, pour lui, d'inviter ses interlocuteurs algériens à dépasser les malentendus au cas où il y en aurait encore et d'aller de l'avant. Tout en révélant que «des décisions très importantes ont été prises» par les présidents algérien et russe – des décisions politiques qu'il espère voir se concrétiser dans un avenir proche – M. Shmatko n'a pas caché l'intérêt manifesté par les entreprises russes pour le marché algérien et leur désir de prendre part à la réalisation d'une partie du plan quinquennal, doté d'une enveloppe de 286 milliards de dollars, initié il y a peu par le président Bouteflika. «Nous pouvons vous aider à moderniser votre économie. Le marché algérien intéresse les entreprises russes. Elles peuvent réellement vous apporter une expertise», a-t-il dit après avoir annoncé que des bureaux d'investissement seront ouverts en Algérie et en Russie afin d'aider les investisseurs des deux pays dans leurs démarches et la réalisation de leurs projets. Le ministre algérien de l'Industrie, qui a consacré une grande partie de son allocution à la présentation des objectifs assignés justement à ce plan quinquennal, n'a, lui aussi, pas eu besoin de recourir à la métaphore pour faire comprendre à son interlocuteur ce que l'Algérie attendait de son partenariat avec la Russie. Un partenariat qu'Alger veut également consolider. C'est ainsi que M. Benmeradi a insisté sur le fait que le moment était venu pour les deux pays de faire autre chose que des opérations de type commercial. Le message est clair: l'Algérie ne veut plus servir uniquement de comptoir pour les produits étrangers, y compris russes. Le gouvernement attend en effet des entreprises russes qu'elles se lancent dans des investissements productifs. Cela, en contrepartie, bien entendu, des marchés qu'elles pourraient décrocher. Dans ce contexte, M. Benmeradi a fait savoir au ministre russe de l'Energie qu'il y avait de la place pour les entreprises russes en Algérie pour peu qu'elles satisfassent à ces nouvelles conditions. Une manière, pour lui, de mettre la balle dans le camp russe. Il faut voir maintenant ce que celles-ci ont à offrir. A signaler que concernant l'avenir de l'opérateur de téléphonie mobile Djezzy, dont la maison mère vient d'être rachetée par une firme russe, M. Benmeradi a indiqué que les responsables des deux pays n'ont pas abordé le dossier. La réponse du ministre de l'Industrie a un peu désarçonné les présents dans la mesure où le patron de la firme russe faisait partie de la délégation qui accompagnait le président Medvedev.