Il faut poser sur le vingtième anniversaire d'El Watan, avec tous ses souvenirs, le regard froid et impartial de l'objectivité pour porter un jugement et dire, avec conscience et lucidité, que son bilan est globalement très positif. Il a connu les phases les plus difficiles de son histoire qui la vu naître, soumis au contrôle des pouvoirs publics qui ont redoublé d'efforts pou lui imposer sa tutelle, qui renforce l'idéologie et le discours politique du pouvoir afin d'interdire le débat contradictoire qui est l'hygiène et même l'oxygène de la vie publique, le passage obligé d'un démocratie formelle à une démocratie réelle. Il a payé un lourd tribut pour conquérir sa liberté et son indépendance de tout pouvoir politique ou économique. Un hommage solennel doit être rendu à ses journalistes pour leur dévouement et les remarquables contributions qu'ils ont apportées, pour préserver le service public de l'information, afin qu'il ne soit pas absorbé par le pouvoir exécutif. Ils ont toujours mis un point d'honneur à suivre l'impartialité qui est la base de leur métier, de leur mission, dont ils sont fiers. Ils sont considérés par le pouvoir comme nocifs, soupçonnés d'être manipulateurs et manipulés, superficiels et avides du sensationnel. Les journalistes d'El Watan, d'action et de culture ouverte qui donne de la valeur et de la profondeur à la création, observateurs vigilants qui ont le sens des mots, informent, décryptent, analysent comprennent grâce à leur présence sur tout le territoire national, les émotions, les exigences, les aspirations populaires. Ils prônent une allégation politique et éthique, militent avec détermination pour la démocratie, la liberté et la justice, car il n'y a pas de liberté sans justice, ni de justice sans liberté, le progrès scientifique et technologique. Leur premier objectif est de chercher, de vérifier et de restituer les faits, de rendre crédible une réalité, de remettre l'intelligence et la réflexion au centre du débat démocratique. L'interrogation qui est à la base de l'activité intellectuelle constitue le fondement de leur pensée. Toute réponse y renvoie. Le pouvoir cherche le moindre prétexte pour intimider les journalistes. Ils sont toujours suspects, toujours à surveiller. Ils sont en butte à des harcèlements, des menaces, des représailles, des pressions, des arrestations, des condamnations, de la part des représentants du pouvoir. S'il n'était pas lourd de gêne ou de colère, le silence conviendrait mieux, laissant parler les faits. Lorsque le fond d'intolérance s'accompagne de menaces, d'insultes et même d'agressions physiques contre les journalistes, surtout les correspondants de presse du journal à l'intérieur du pays, par les représentants locaux du pouvoir qui se croient diffamés, une seule ressource s'offre à eux qui ne savent plus à quel saint se vouer, interroger les astres. Inoxydable comme une lame d'acier trempé, Omar Belhouchet, directeur d'El Watan, poursuivi par tous les tribunaux et cours d'Alger, de Tlemcen à Tébessa et El Tarf, a toujours à la barre, le port de tête altier, le corps droit comme une épreuve vivante de sa droiture. El Watan est fait avant tout par les journalistes, hommes et femmes de plume, d'enquêtes et de réflexions, que guide le souci de la recherche de la vérité. Leurs articles d'une grande rigueur et d'une grande précision présentent aux lecteurs et aux lectrices une information vérifiée, recoupée, pour ne pas laisser la rumeur prendre le pas sur l'information. Le principe de la protection des sources du journalistes et leur secret est la pierre angulaire de la liberté de la pesse. Un journaliste ne donne pas ses sources. El Watan a des atouts et du savoir-faire, agit avec raison pour préserver durant 20 ans, un travail qui réclame de l'expérience et du talent et qui a créé la surprise et le succès. Il informe, éduque et distrait, comble un vide politique et intellectuel. Il est un acteur libre de l'information, a une rénommée nationale et internationale, et personne ne peut faire taire ce journal libre et indépendant. Il s'est élevé au rang de vigie de l'esprit et de la dignité, cet espace de liberté et de conscience, qui a produit une information de qualité, se consacre à la constructive rénovation des idées, à créer un espace de confrontation politique, qui dispose d'un lieu pour créer une relation forte entre les Algériens. Il est utile à la vie intellectuelle et démocratique. Les citoyens doivent être pareillement informés pour être libres de leur choix et autonomes dans leurs décisions. Le droit à l'information, à la libre expression et à la libre critique, ainsi qu'à la diversité des opinions, est une liberté fondamentale. Le simple bon sens indique qu'il est temps d'agir, pour élargir la liberté d'expression, ce domaine qui nous concerne dans notre vie et notre liberté de chaque jour. Le pouvoir a dans son collimateur le journal El Watan Il croit savoir comment l'essoufler, l'intimider, diminuer son influence. Faisons rapidement le tour des questions qui intéressent l'actualité, du fait qu'El Watan s'est intéressé, dès sa création, au pouvoir, aux institutions de la République, à la démocratie et à la question sociale. Il faut s'occuper de l'Algérie, car elle va mal, et écouter les Algériens avant de leur parler. La vie politique nationale se dégrade au point de se réduire à cette seule sommaire confrontation entre un pouvoir personnel et les tenants d'un régime qui exclut la liberté. Il fut en finir avec des dirigeants politiques épuisés, qui n'arrivent pas à travailler ensemble parce que divisés. Il faut faire place à la nouvelle génération. Le système politique en vigueur depuis l'indépendance du pays doit céder la place parce que sa crédibilité comme sa popularité sont au plus bas. Il y a des rivalités et des divergences stratégiques au sommet de l'Etat. Le pouvoir est pollué par l'argent, l'argent sale, l'argent qui corrompt. La personnalisation et la concentration du pouvoir sont bloquées par les hommes issus du DRS qui forment la majorité de l'élite politique actuellement en fonction. Le président de la République a voulu imposer sa présence conquérante et triomphante sur tous les fronts, sans succès. La capacité du pouvoir à ignorer le peuple, quand il ne suit pas ce qu'il a décidé dans son dos est un des procédés typiques de la pensée unique toujours aussi puissante qui se renouvelle sans cesse. La pensée unique conduit à l'échec. Au regard de la situation politique actuelle, même si ce n'est pas le désastre annoncé, la révision de la Constitution redevient la question centrale, la priorité. La sortie de crise serait-elle pour bientôt, ce qui est douteux, parce que les équilibres politiques, idéologiques et économiques, n'ont pas changé. L'important est de ne rien changer en vertu du principe selon lequel il ne faut pas changer un pouvoir qui a fait preuve de son insuffisance et de sa malfaisance. Le meilleur système politique, c'est la démocratie qui garantie la liberté de l'information et satisfait les exigences de liberté et de justice. Le gouvernement mène une politique de plus en plus antisociale Pour qu'une société soit solidaire, il ne faut pas qu'il y ait trop d'écart de revenus entre ceux qui la composent. Cela fait aggraver les inégalités. La distribution des richesses et des retenus est si inégale qu'elle viole les normes minimales de la justice sociale. Des millions d'Algériens vivent au-dessous du seuil de pauvreté. Il y a un mal vivre terrible. L'urgence est dans la création d'emplois, la réduction de la pauvreté, dont le aux s'est sensiblement aggravé dans une indifférence coupable qu'il faut combattre. La précarité appelle des solutions novatrices. Est-ce qu'on peut vivre, non survive, avec un salaire rongé par l'inflations, la cherté des produits de première nécessité ? La crispation sociale s'aggrave, l'angoisse se répand. La pauvreté et les inégalités mènent à la violence. Il faut rechercher la cohésion nationale et sociale. Dans les domaines clés comme le combat contre la corruption de haut niveau, les résultats des enquêtes des journalistes d'El Watan sont convaincants. Les affaires qui impliquent les cadres du pouvoir jaillissent de partout. Le climat délétère, trafic d'influence et détournement d'argent public, discrédite le pouvoir. La mascarade des procès prouve que la justice est aux ordres. Les Etats de l'Occident soutiennent des pouvoirs oppresseurs, dictatoriaux, en échange d'avantages économiques et stratégiques. Les normes juridiques et les principes éthiques ne font pas partie des marchandages implicites ou explicites, au même titre que les bases militaires ou l'accès aux ressources économiques, les hydrocarbures en particulier. Les droits de l'homme sont inscrits génétiquement et politiquement chez les militants de la LADDH, sont présents dans leur esprit et dans leur coeur pour donner du sens et de la cohérence dans leurs actions de défense de la liberté de la presse et de toutes les libertés. La liberté religieuse implique la liberté de pratiquer sa religion, mais aussi l'obligation de respecter les convictions religieuses idéologiques des autres. L'inquisition, qui répand ses ténèbres sur notre pays, génère du totalitarisme, machine à produire des aveux, qui est une régression des libertés. En ce qui concerne les disparitions forcées, essayons de retracer cette affaire avec simplicité et clarté sur un seul point : responsables et coupables. Il y a la responsabilité de l'Etat et celle du chef de l'Etat. L'Etat est responsable et coupable. Responsable mais pas coupable, cette formule concerne l'irresponsabilité pénale des meurtriers atteints de troubles mentaux ; justiciables mais pas condamnables, responsables mais pas coupables. Que dire quand les responsables du pays sont traités d'irresponsables et de non coupables comme les fous ? La télévision est au service du pouvoir La télévision qui est la principale source d'information est au seul service du pouvoir. Moyen d'information et normalement d'ouverture, elle fonctionne au seul profit du pouvoir qui exerce sur elle une emprise totale sans partage. Il importe d'affirmer avec force, clarté et précision ses missions de service public, haut lieu de la création audiovisuelle. La télévision est un lieu de débats, où doivent s'exprimer les opinions, y compris celles que le pouvoir ne partage pas, pour ne pas étouffer la liberté d'expression. L'image à la télévision possède un grand pouvoir de suggestion, mais on peut tout lui faire suggérer. Le président de la République a déclaré à la chaîne MBC : «La télévision est et continue d'être la propriété de l'Etat et ne saurait être soumise à une quelconque forme d'expression contradictoire ou polémique. C'est l'Etat qui finance la radio et la télévision, et elles sont là pour défendre la politique de l'Etat.» Le ministre de la Communication, Nacer Mehal, a déclaré dans son intervention à l'APN : «La Télévision nationale commence à faire du bon travail, et ce conformément aux nouvelles orientations données par le président de la République.» La télévision serait sortie de l'enfer pour entrer dans le purgatoire. Nacer Mehal a ajouté lors de son intervention à l'APN : L'ENTV n'a pas à couvrir les activités ordinaires des partis. Il faut alors permettre la création de chaînes de télévision privées, libres de leur choix, libres d'offrir à leurs auditeurs des œuvres diverses, ambitieuses, dignes d'intérêt. Le moment est venu de la doxographie fondée sur l'intervention permanente de l'opinion publique dans les affaires publique; Il faut sans faiblesse s'efforcer d'extirper de notre société les maux sociaux qui prolifèrent et la gangrènent. Mettons en valeur ce que nous avons en commun et de plus fort, notre attachement à la démocratie. Les partis démocrates sont des théhâres d'ombre qui s'affrontent par une litanie d'invectives et de petites phrases venimeuses, assassines, des rancunes et des rancœurs. La réflexion commune élaborée avec une grande ouverture d'esprit est un passage obligé pour obtenir un large consensus. El Watan est un journal de qualité, je souhaite un heureux anniversaire à ses journalistes qui abordent les questions très sensibles avec une critique constructive, qui fait honneur à l'objectivité. Je le remercie pour avoir donné leur place, leur juste place aux femmes journalistes.