Cadre de vie désolant dans une région déjà meurtrie durant la période du terrorisme. Après le massacre de 2007, les autorités et quelques associations, toujours présentes à Bentelha, s'y sont empressées, mais depuis quelque temps, plus rien. Les jeunes enfants de la localité, qui recevaient des dons que l'on gâtait presque, sont depuis un moment oublié.»Originaire de l'ex-Salembier, veilleur dans un établissement scolaire, Khaled, qui est à Bentelha depuis 3 ans, se désole de la situation des élèves. Certains, surtout ceux qui habitent dans les haouch environnants, doivent parcourir plusieurs kilomètres pour rejoindre les bancs des trois collèges et du lycée de Bentelha. «Ni la commune encore moins le ministère de la Solidarité, qui se targuent de venir en aide aux régions enclavées, n'envoient de bus «tadhamoun». Les moins lotis de nos élèves sèchent déjà leurs cours. Avec l'arrivée de l'hiver, la situation s'empirera sûrement», se désole Khaled, qui affirme qu'il ne faut pas s'étonner si le taux de réussite est toujours faible dans cette région en retrait de la ville de Baraki «où siègent les administrations locales». La localité a accueilli plusieurs nouveaux venus à la faveur des dernières opérations de relogement d'où une pression plus forte sur les établissements qui accueillent plus d'une cinquantaine d'élèves par classe.L'arrivée de nouveaux habitants provoque aussi des tensions des résidents «parqués» dans les immeubles suivant leur site de départ. «A la cité des 700 Logements, il ne se passe pas un jour sans que l'on signale des incidents. Les autorités, ayant relogé les habitants en 2007, ont préféré les regrouper dans leur site d'origine, d'où les tensions permanentes entre les Harrachis et leurs voisins de Baraki ou de Belouizdad. La mixité aurait pu régler ce problème, mais les bénéficiaires ne l'ont pas acceptée et les autorités ne les ont pas obligés», raconte le propriétaire d'un taxiphone dans cette cité. Il fera remarquer que des habitants de plusieurs bidonvilles comme El Djazira de Bab Ezzouar ont aussi été relogés dernièrement dans une cité voisine. Petite délinquance aux grands torts… Les faits délictueux ne manquent pas, pour un tapage, ou un contentieux personnel, on ressort les gourdins. «Dernièrement, un homme, perturbé dans son sommeil par un ivrogne, a voulu se faire justice lui-même. Il a tiré sur le malheureux, mais la balle l'a juste effleuré. Le coupable, policier de son état, a été embarqué par ses collègues», raconte Ali, qui relève que la petite délinquance prend des proportions graves et les autorités, toujours absentes, «n'interviennent que rarement».A quoi est due cette situation qui ne cesse d'empirer ? Au manque d'infrastructures, répondent en chœur les personnes rencontrées dans ce quartier construit sur les des deux abords de la RN8 qui traverse la commune et rejoint, plusieurs kilomètres plus loin, Sidi Moussa, autre localité déshéritée. «Le quartier souffre du manque d'infrastructures, de lieux de loisirs. Le seul terrain matico de la cité des 700 Logements est l'objet de batailles rangées entre les bandes des quartiers. Une médiatique d'art et culture a été aménagée au bas des immeubles, mais elle reste vide. Le stade de Bentalha, que l'on voudrait agrandir en y installant de nouvelles tribunes, n'accueille surtout que l'équipe locale. L'Etat a déboursé des milliards pour embellir la route, et installer un jet d'eau», relève un membre d'une association sportive présent lors de la dernière visite de l'ancien SG de la wilaya, M. Zitouni. La «visite d'adieu» de ce commis de l'Etat a permis de faire sortir de leurs gonds quelques jeunes du quartier. Le SG, quelque peu distrait, a interpellé le P/APC de Baraki qui a assuré que des «changements» vont intervenir, mais personne ici à Bentalha ne semble trop y croire, pas même les responsables locaux qui voient arriver à la tête de la circonscription un nouveau wali délégué après le départ de l'ancien, M. Lebka, à El Harrach, circonscription voisine.