L'ancien chef de la police judiciaire de la sûreté de wilaya d'Alger, le divisionnaire Messaoud Zayane, a été placé hier sous mandat de dépôt par le tribunal d'Azazga près la cour de Tizi Ouzou, apprend-on de source judiciaire. Révoqué des rangs de la police en février dernier, l'officier est poursuivi dans le cadre de l'affaire Achour Abderrahmane, condamné à 18 ans de réclusion criminelle pour avoir détourné 32 milliards de dinars de la Banque nationale d'Algérie (BNA). L'ex-chef de la police judiciaire d'Alger, Messaoud Zayane, a été placé hier en détention par le magistrat instructeur du tribunal d'Azazga près la cour de Tizi Ouzou. Les griefs retenus contre lui sont nombreux et concernent tous son implication dans le scandale du détournement des 32 milliards de dinars de la BNA par Achour Abderrahmane, un riche commerçant de Koléa à la tête de nombreuses sociétés, avec lequel il entretenait des relations assez particulières, et ce, jusqu'aux derniers moments de sa fuite vers le Maroc, en dépit du mandat d'arrêt lancé contre lui. Il est évident que pour détourner autant d'argent, Achour bénéficiait d'une large complicité non seulement au sein de la banque, mais également au niveau de la police, grâce à des officiers gracieusement remerciés pour services rendus. D'ailleurs, il a même réussi à faire déclarer «infructueuse» une enquête sur cette affaire ouverte en 2004 par la brigade économique et clôturée en trois jours seulement, alors que l'hémorragie dans les caisses de la banque avait commencé en 2002 et s'est poursuivie jusqu'à la fin de 2005. Une grande partie de l'argent détourné a été échangée sur le marché informel pour être dépensée dans des casinos français (à Deauville ou à Enghien, dans la banlieue parisienne). Achour aurait également remis un chèque à la première épouse d'un commissaire (suspendu pour une autre affaire) pour acheter un restaurant en plein cœur de la capitale et avancé en espèces le prix d'un appartement situé au quartier les Annasser, à Alger, vendu par une chanteuse très connue à Alger à sa deuxième épouse. Cet ex-officier n'est pas le seul à avoir bénéficié des «largesses» de Achour, puisque d'autres, qui étaient en poste au niveau d'Alger, ont également eu en cadeau des voitures de luxe et des billets d'avion pour des séjours touristiques en Espagne et en France, pour eux et leurs familles. Ce qui explique que Achour ait pu quitter l'aéroport d'Alger alors que le mandat d'arrêt avait été notifié par le parquet d'Alger à la police judiciaire. Achour Abderrahmane a d'ailleurs comparu devant le tribunal aux côtés de plusieurs officiers de police, dont l'ancien directeur de la clinique de la Sûreté nationale (Les Glycines), le chef de la police judiciaire de Tipasa et son adjoint. Mais l'ex-patron de la police judiciaire d'Alger n'avait jamais été inquiété jusqu'au jour où le commissaire des RG d'Oran, après avoir été déféré devant la justice puis condamné à une peine de prison pour une supposée affaire de drogue avant d'être relaxé, a saisi l'ancien ministre de l'Intérieur, Yazid Zerhouni. Ce dernier mène son enquête dans son bureau et c'est Messaoud Zayane qui est dans le collimateur, au point de susciter des animosités avec feu Ali Tounsi, patron de la DGSN, du fait qu'il était son protégé. Il est quand même démis de son poste, mais quelque temps plus tard, il revient en tant que chef de la sûreté de wilaya de Tipasa. Une décision qui provoque le courroux du ministre de l'Intérieur qui, 48 heures après, le relève de son poste, le désarme et le défère à la justice qui le place sous contrôle judiciaire. Sa révocation des rangs de la police a été signée le 21 février 2010 et notifiée le 24 du même mois, soit 24 heures avant la mort de Ali Tounsi. Hier, le juge d'instruction près le tribunal d'Azazga l'a placé sous mandat de dépôt. L'affaire fait tache d'huile et laisse supposer que le scandale de la BNA n'est pas près de connaître son épilogue…