Mostaganem, Aïn Témouchent, Mascara, Saïda, Sidi Bel Abbès… Au service des urgences du Centre hospitalo-universitaire d'Oran, les patients affluent de partout. Dans cette ancienne boulangerie, c'est le rush tous les jours. Reportage dans un service en crise. «On m'a ramené inanimé à l'hôpital. Mais, à mon réveil et toujours sous le choc, je suis resté là sans que personne ne s'occupe de moi. Alors que je m'attendais à passer un scanner, on m'a mis sous perfusion. Mais le sachet perforé me coule sur le bras et, pour couronner le tout, voilà qu'on m'annonce que je dois sortir et trouver un autre endroit pour passer les radios…» Il est 8h30. Au service des urgences du Centre hospitalo-universitaire d'Oran, nous croisons un patient poussé vers la porte. Il faut faire de la place dans la salle de réanimation. Car une journée comme les autres, c'est en moyenne plus de 70 malades par jour, affluant de Mostaganem, Aïn Témouchent, Mascara, Saïda, Sidi Bel Abbès… faute d'un autre service pour les accueillir dans la wilaya. Un drame pour les patients mais aussi pour le personnel. «Nous sommes dépassés par le flux, reconnaît Mohamed Hamdad, chef de service assistant. Le problème, c'est que la structure –une ancienne boulangerie- n'est pas adaptée aux normes. Les locaux datent de l'ère coloniale !» Concrètement, les urgences d'Oran se résument à cinq salles d'opération et… trente lits. En août dernier, la direction de la santé de la wilaya a annoncé que le secteur serait prochainement renforcé par la réalisation d'une nouvelle unité des urgences médico-chirurgicales à l'hôpital d'Oran dans le cadre du plan quinquennal de développement (2010-2014). Défilé des ambulances Pour l'instant, des aménagements ont été entrepris, comme la réfection du rez-de-chaussée où une nouvelle dalle de sol a été posée, ou l'équipement en matériels de pointe (scanner, échocardiogramme, fibroscopie, écho doppler...), mais cela ne suffit pas. Un assistant, que nous avons rencontré sur les lieux, nous explique qu'il est impossible d'utiliser le scanner pour tous les patients admis aux urgences, «sinon sa durée de vie ne serait pas longue». Dans les couloirs du service, interminable est la file d'attente devant le seul médecin de service. Devant la salle de radiographie, où des malades allongés sur brancards mobiles et des malades externes s'entremêlent, c'est la cohue. On entend à l'extérieur le défilé incessant des ambulances en provenance d'autres wilayas de la région. Elles ne sont pas médicalisées et les patients arrivent aux urgences d'Oran dans un état parfois critique. Toute la journée, le service fonctionne en flux tendu. A l'accueil, les agents sont sans cesse sollicités. Les infirmières, qui exercent selon la règle des 3x8, sont exténuées. Et la nuit venue, le rythme reste le même, avec des patients… d'un autre genre. La majorité d'entre eux sont victimes d'agression, d'accident de la circulation ou ont tenté de se suicider. Autre souci : le service manque de personnel qualifié. «Nous disposons actuellement de deux infirmières pour vingt malades, alors que les normes règlementaires prévoient une infirmière pour deux malades !», poursuit Mohamed Hamdad. Une visite dans la salle post-opératoire renseigne aussi le visiteur sur l'état des lieux. «Nous manquons aussi de personnel d'entretien, assure un autre médecin rencontré au service. Et cet entretien doit également passer par les toilettes…»