Photo : Lylia M. Au service des urgences du Centre hospitalo-universitaire (CHU) Mustapha-Pacha d'Alger, les médecins sont dépassés par le nombre de plus en plus important des malades qui affluent quotidiennement. «Ce service nécessite une prise en charge urgente afin que les patients puissent bénéficier d'une réelle prise en charge», estime ce médecin urgentiste. Ses collègues et autres auxiliaires de la santé ne sont pas à l'aise. Dans la nomenclature des doléances, ils évoquent d'abord l'étroitesse des lieux, faits en préfabriqué. «C'est pratiquement impossible de consulter plusieurs patients à la fois, il nous arrive de transférer des patients vers d'autres CHU à cause de l'incapacité à accueillir plusieurs cas d'urgence», ont-ils avoué. Pourtant, une nouvelle structure de deux niveaux a été érigée devant le service. Sa mise en service n'est pas encore programmée. Au service des urgences se pose un autre problème : le manque de médicaments ! «Les médicaments de première nécessité tels que les anti-inflammatoires manquent depuis des semaines», affirme un urgentiste. Et la canicule n'arrange pas les choses. Et pour cause, le service voit arriver chaque jour un nombre toujours croissant de personnes âgées «qui supportent mal la chaleur». Parmi les patients assistés, il y a des diabétiques, des personnes hypertendues, ceux souffrant de fractures, mais surtout des victimes d'intoxications alimentaires. Les malades sont pris en charge selon la gravité de leur cas. Mais devant l'attente qui se fait longue, les patients et leurs accompagnateurs s'énervent. «On se retrouve toujours face à des gens qui haussent le ton», se plaignent des praticiens. Mais d'un autre côté, les patients doivent s'armer de patience. Certains attendent plus de 5 heures avant d'être auscultés. Alors à la pression interne, qui est celle de l'hôpital, les médecins subissent également des menaces de la part des parents des patients. Des scènes sont enregistrées quotidiennement dans ce service. Pour l'anecdote, un homme d'une cinquantaine d'années a menacé de mort devant tout le monde un jeune chirurgien. Très poliment, le médecin lui a répondu, «laisse- moi au moins le temps de sauver ta mère (il était en train de la consulter suite à un accident de circulation), puis égorge-moi, puisque tu insistes». «On subit des menaces tous les jours surtout de la part des ceux qui consomment de la drogue», fait savoir un médecin.