Le président de la République sahraouie démocratique (RASD, Mohamed Abdelaziz, a confirmé mercredi, tard dans la nuit, l'éventuel recours à l'option armée dans la lutte pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Après le Premier ministre, Abdelkader Taleb Omar, M. Abdelaziz a remis donc une couche à une forme de lutte qui fait lentement, mais sûrement, son petit bonhomme de chemin parmi de larges secteurs de la vie nationale au Sahara-Occidental. «Notre insurrection pacifique dans les territoires occupés nous a permis d'obtenir beaucoup d'acquis pour notre cause, mais faisons en sorte qu'elle s'intensifie et se consolide à l'avenir pour atteindre notre idéal national», a lancé, à partir de la tribune, le président sahraoui à une foule aussi joyeuse que survoltée, à la clôture des festivités marquant la commémoration du 35e anniversaire de la fête de l'Union nationale, célébrée chaque 12 octobre depuis 1975. Youyous et applaudissements de l'assistance qui répondait par des «V» de la victoire comme pour signifier leur adhésion à ce nouveau mot d'ordre. «Nous avons résisté pacifiquement pour signifier à l'ennemi que nous ne céderons pas un pouce sur notre cause nationale, et grâce à cette insurrection pacifique, notamment dans les villes sahraouies occupées du Sud, ainsi qu'à l'étranger, le régime marocain se trouve ‘‘au banc des accusés''.» L'occupant est attaqué sur plusieurs fronts, que ce soit sur la question des droits de l'Homme, du blocage des négociations sur le référendum pour l'autodétermination, mais également sur le pillage des richesses naturelles du Sahara- Occidental. Résistance C'est certes une victoire, mais pas suffisante pour le président Abdelaziz qui tonnera : «Nous pourrons aller légitimement à la lutte armée parce que notre cause est juste.» Visiblement en parfaite symbiose avec son peuple qui l'a ovationné à tout rompre, Abdelaziz continuera sur sa lancée en assénant : «Nous pourrons reprendre nos fusils si l'option des négociations ne porte pas ses fruits.» Joignant l'acte à la parole, le président de la RASD insistera sur la nécessité pour l'Armée de libération populaire du Sahara (ALPS) d'optimiser ses capacités opérationnelles et d'être «prête» à toute éventualité. «L'avenir est prometteur ! L'avenir est prometteur !», lancera encore le président de la RASD, rappelant que les velléités expansionnistes du Maroc contre l'Algérie en 1963, la Mauritanie et le Mali se sont toutes soldées par un échec cuisant. «Cette politique expansionniste sera également mise en échec au Sahara occidental», s'est écrié M. Abdelaziz, sous les vivats des ses troupes.
Aminatou en uniforme. Et comme pour donner une couverture légale à l'option armée, il a rappelé que le droit du peuple sahraoui à la résistance armée a été déjà consacré par l'ONU en 1972. «Qu'il soit donc clair que cette option existe et reste ouverte», lâchera M. Abdelaziz qui aura chauffé à blanc, une heure durant, plusieurs milliers de Sahraouis venus de partout recharger leurs «batteries» patriotiques. Cette allocution, très attendue ici à Mijek, aura été le clou d'une soirée de clôture, pimentée par une prise de parole très «chaude» de la célèbre activiste sahraouie dans les territoires occupés, Nguia Bent El Houassi, qui a enfilé l'uniforme de guerrière sur la tribune devant le regard ébahi du président sahraoui et son gouvernement. Nguia qui a rappelé les différents sévices subis par ses compatriotes dans les territoires occupés, s'est même portée volontaire pour rentrer au Maroc avec cet uniforme dans un geste de bravoure que l'assistance à salué avec une grande émotion. Son courage lui a même valu un poème déclamé, séance tenante, par l'un des chantres de la poésie sahraouie. Pour beaucoup de personnes qui «buvaient» les paroles poignantes et décapantes de la jeune militante, Aminatou Haïder venait d'avoir une petite sœur. La cause sahraouie, elle, gagne une belle voix qui sait montrer la voie. Celle du salut.