Regroupés mardi dernier devant le siège de la wilaya de Tizi Ouzou, plusieurs dizaines de non voyants ont tenté de voir le premier magistrat de la wilaya pour «lui exposer directement leur détresse devant les portes de l'administration qui se ferment à chaque fois devant eux», dira le représentant des protestataires membres de l'association de wilaya des non voyants affiliée à l'union nationale des aveugles. Sur place, les services de la wilaya les ont informés que le nouveau wali de Tizi Ouzou était «très occupé en ces moments dans les passations de consignes entre lui et son prédécesseur», a-t-on indiqué sur place. Vers la mi-journée, les protestataires, n'ayant «nullement la volonté de perturber les activités du nouveau wali en ces moments chargés» et affichant leur «compréhension», ont fini par quitter calmement les lieux, non sans «promesse» de récidiver encore en nombre important, «et, en cas de refus de nous écouter, nous sommes déterminés d'aller même à la grève de la faim», enchaîne un autre jeune aveugle. Les protestataires déploraient par ailleurs «la fermeture des locaux» de leur ex entreprise publique d'insertion des handicapés (EPIH), issue de l'ex ONABROS, un office où, il n'y a pas si longtemps, les aveugles confectionnaient à la main avec une rare dextérité, des balais et des brosses en matière plastique dont la qualité est de haute gamme, faut-il le reconnaitre. Comme principale revendication aussi, l'union des non voyants sollicite la restitution de ces locaux, situés à Oued Aïssi (à l'est de la ville de Tizi Ouzou), à leurs ayants droit, que sont ces handicapés, pour y lancer, disent-ils, leur propre projet d'entreprise en vue d'aider les nombreux jeunes aveugles diplômés à trouver de l'emploi, à se former et former cette catégorie de personnes en difficulté. La décision de fermeture des locaux de l'ex ONABROS avait été prise il y a 16 mois environ au niveau du ministère de la solidarité nationale dont dépendait alors l'EPIH avant sa dissolution en mars 2010, croient savoir des membres de l'union de wilaya des aveugles. Parmi leurs autres requêtes, les non voyants de Tizi Ouzou soulevaient le «non paiement de leurs primes de scolarité, leurs congés payés» lorsqu'ils étaient encore en exercice à l'ex EPIH. Les manifestants n'ont pas manqué de dénoncer également les recrutements à l'école des aveugles de Boukhalfa d'enseignants qui ne maîtrisent même pas le braille, et ce, en dehors de la catégorie des non voyants. Et dire que parmi ces derniers figurent de nombreux formateurs diplômés et au chômage.