Les handicapés visuels de la wilaya de Tizi Ouzou s'organisent pour défendre leurs droits et obtenir la prise en charge de leurs revendications sociales et professionnelles. Eprouvés et ayant épuisé tous les recours, les handicapés visuels de la wilaya de Tizi Ouzou, regroupés au sein de l'union de wilaya dépendant de l'Organisation nationale des aveugles algériens, ont organisé la semaine dernière une rencontre avec la presse. Une occasion pour les mal-voyants de débattre de leurs problèmes et dire le calvaire qu'ils endurent tous les jours. Avant d'aborder les points cruciaux, objet de la rencontre, les adhérents ont raconté les déboires vécus dans leur vie quotidienne. Force est de constater que ce n'est pas l'handicap lui-même qui pèse, mais l'environnement physique où évoluent les handicapés et l'indifférence des pouvoirs publics, à entendre les concernés s'exprimer devant les journalistes. L'on soulève la question de l'insertion des handicapés dans le milieu professionnel. « Même avec l'engagement de 1% des handicapés dans le monde du travail, l'administration n'arrive pas à nous trouver un poste d'emploi décent. Les diplômés qui sortent de l'université croupissent dans le chômage jusqu'à dix années ! Notre association compte 20 diplômés qui n'ont rien à envier aux personnes voyantes, en matière de compétences », lance une adhérente. Par ailleurs, ces handicapés s'interrogent sur l'utilité de la loi du 8 mai 2002, censée protéger et promouvoir les droits des handicapés si des textes d'application ne sont toujours pas prêts. Evoquant la question de l'emploi, les aveugles se disent déterminés à se battre pour la récupération des infrastructures de l'Etablissement public d'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées (EPIH), ex-Enabros, dont unité de Tizi Ouzou vient de fermer ses portes. « Pour l'instant, l'infrastructure relève de la direction de l'action sociale. Néanmoins, c'est le bien des aveugles et nous souhaitons reprendre les ateliers pour, éventuellement, créer un centre de formation ou, pourquoi pas, relancer la production des balais puisque c'est possible de le faire, pour peu que l'Etat nous aide à faire signer les établissements publics tels que les hôpitaux et les écoles dans des conventions avec l'unité », déclare le président de l'union de wilaya des aveugles de Tizi Ouzou, M. Rezki Chekri. Lui emboîtant le pas, un enseignant de l'Ecole des jeunes aveugles de Boukhalfa (EJA), souhaite le « rattachement de l'école au ministère de l'Education nationale ». On évoque également le problème d'accessibilité des moyens de transport et des lieux publics aux handicapés. « Sortir faire ses courses est une épreuve chaque matin. On ne retrouve aucun équipement pour les handicapés de manière générale. Nos villes ne sont pas aménagées à cet effet », dit un adhérent. Un autre membre de l'association ajoute : « Bien que nous ayons des cartes de transport, l'aveugle doit aller à chaque fois à la direction de l'action sociale pour obtenir son ticket alors qu'on pourrait bien nous épargner le déplacement en nous confectionnant des carte permanentes. »