La mise en place d'un programme de dépistage systématique du cancer du sein se pose avec acuité, ont souligné les spécialistes à l'ocassion de la Journée scientifique sur le traitement de cette pathologie. Organisée par l'association El-Amel d'aide aux personnes atteintes du cancer avec la société algérienne d'oncologie, cette rencontre vise, selon les organisateurs, à faire un état des lieux, débattre des nouvelles thérapies qui ont révolutionné le traitement de cette pathologie, et continuer ainsi la sensibilisation du grand public dans le cadre du mois mondial de lutte contre ce genre de cancer. Pour le Pr Bouzid, chef de service oncologie au CPMC et président de la société algérienne d'oncologie , la mise en œuvre d'un tel programme de lutte contre le cancer est motivée par «l'absence d'un dépistage de masse organisé et le manque de compétences nationales en mammographie». «On peut guérir définitivement du cancer du sein, contrairement au diabète, à l'asthme et à l'hypertension artérielle», a-t-il indiqué, en rappelant que le cancer fait désormais partie des maladies chroniques, qui a perdu de la gravité de ses débuts. Diagnostiqué précocement, le cancer du sein est guéri dans 65% des cas, avec une rallonge de l'espérance de vie de 5 ans. Le docteur Nadia Chibane, du service d'imagerie médicale du CPMC, a souligné qu'outre la possibilité pour les femmes de s'auto-diagnostiquer, il est devenu plus que nécessaire pour celles de moins de 40 ans de se faire consulter auprès des PMI (Protection maternelle et infantile) une fois par an et d'effectuer deux consultations par an au-delà de 40 ans. Une mammographie est, en outre, préconisée tous les deux ans pour les femmes de plus de 40 ans pour détecter de façon précoce toute infection cancéreuse du sein, un mal qui frappe annuellement 9000 femmes en Algérie et cause le décès de plus de 3000 personnes, soit une moyenne de 10 décès par jour, a-t-elle encore noté. Pour sa part, le docteur Zineb Lounici, du centre hospitalo-universitaire de Bordeaux (France) a présenté un exposé sur les opérations de dépistage en France, précisant que celles-ci ont pu sauver de 20 à 30% des malades qui étaient parfois dans des étapes assez avancées. Elle a abordé, par ailleurs, la dernière révolution en matière de traitement du cancer du sein qui se nomme «les thérapies ciblées» et qui s'attaquent plus spécifiquement aux cellules cancéreuses en évitant de toucher les cellules saines. L'une des thérapeutiques ciblées est basée sur les «anticorps monoclonaux» qui sont fabriqués spécifiquement pour reconnaître un antigène exprimé par une tumeur. Ces anticorps monoclonaux, a-t-elle dit, peuvent soit cibler la tumeur directement, soit son environnement. D'autres thérapies ciblées vont bloquer la croissance des vaisseaux sanguins nécessaires au développement de la tumeur «affamée», qui va arrêter sa prolifération voire mourir.