La ville marocaine d'Agadir a abrité du 17 au 22 octobre la septième édition du Congrès international sur le cactus où plus de 300 chercheurs et experts, provenant de plusieurs pays, ont pris part. Le but de cette rencontre est de mettre en relief les multiples vertus de cette plante et les meilleurs moyens de valoriser sa culture afin de générer aussi de revenu au profit de la population rurale. Le choix de ce pays pour abriter cette manifestation de grande envergure n'est pas fortuit puisque au Royaume chérifien, il y a toute une association pour le développement du cactus et les pouvoirs publics accordent un grand intérêt à cette plante. D'ailleurs, le cactus, appelé aussi la plante miracle, ne cesse d'impressionner de nombreux chercheurs vu ses innombrables bienfaits et pour l'homme et pour la nature. La FAO (Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture) a créé, durant les années 1990, tout un réseau international appelé «FAO- CactusNet». Ce dernier est dédié exclusivement à cette plante. Originaire du Mexique avant qu'il ne soit introduit dans les cinq continents (son introduction au Maghreb s'est faite par les andalous), le cactus est utilisée dans divers domaines (médecine, agriculture, écologie, industrie…). Le nopal (l'autre appellation du cactus) peut fournir aussi un caoutchouc et un anticorrosif. Son fruit procure des colorants naturels (jaune ou rouge violet) qui sont utilisés dans le domaine agroalimentaire. La figue de barbarie n'est d'ailleurs plus ce fruit de misérables… La plante suscite l'intérêt de plusieurs pays et figure sur des timbres de la prestigieuse principauté de Monaco et constitue même une fierté pour les monégasques ! En Algérie, même si tout est propice pour le développement de la culture du cactus en général et du figuier de barbarie en particulier (la plante est appelée scientifiquement l'Opuntia ficus-indica ou nopal), rien n'y est fait pour profiter de ce trésor, longtemps caché. En général, le figuier de barbarie n'est pas planté chez nous. Il pousse d'une manière «sauvage» et «spontanée», surtout dans les zones arides et semi arides. La superficie de ces zones avoisine, chez nous, les 30 millions d'hectares mais elle n'est pas exploitée pour le développement de la culture du cactus, et ce contrairement à nos voisins. Notre climat et les conditions naturelles s'y prêtent, pourtant, à merveille pour sa poussée. Une variété algérienne de figue de barbarie, appelée «Algeria» connaît un énorme succès en Afrique du Sud et demeure non développée dans sa terre d'origine. «Investir» dans le cactus, c'est surtout avoir le beurre et l'argent du beurre puisque rien ne se perd de cette plante qui demeure aussi la solution à presque à tout, en n'exigeant rien en contrepartie. Cette ressource autre de l'Algérie attend d'être «secouée». Les études sur les variétés ou les écotypes d'Opuntia ficus indica sont très rares chez nous et cela constitue un énorme handicap pour son développement et son amélioration. Une huile à 1000 euros ! Et dire, à titre d'exemple que l'huile qui est extraite des pépins de la figue de barbarie vaut de l'or et a la cote dans le «prestigieux» domaine de la cosmétologie. En Europe, cette huile a déjà fait son entrée dans le monde du business. Elle coûte très cher et demeure très demandée par les grandes firmes activant dans ce créneau. Souvent, elle est importée du Maroc et de Tunisie. Grâce à sa richesse en vitamine E et en acides gras, elle entre dans la composition de crèmes de beauté ayant des effets cicatrisants, hydratants, raffermissants, anti-âge et anti-vergetures (maladie de la peau). Des effets tant recherchés par tous, notamment les stars et les grands de ce monde… Elle est aussi utilisée pour les soins du corps et des cheveux et les résultats sont plus que spectaculaires. Elle est tellement demandée dans le Vieux Continent qu'elle se négocie autour de 1000 euros le litre. Pour avoir un litre de cette huile, il faut toutefois une tonne de figue, soit 30 kg de graines. L'huile d'argan, longtemps réputée pour ses effets contre le vieillissement cutané, vient d'être détrônée par l'huile des pépins de la figue de barbarie.
Une plante qui soigne presque tout ! Pour la santé humaine, elle en recèle plusieurs propriétés thérapeutiques. La chair grillée du nopal est recommandée au diabétique et la consommation du fruit régule le diabète et même le transit intestinal, à condition de ne pas le manger à jeun. Elle donne aussi du tonus puisque ce fruit est gorgé de vitamine A, C et de glucides. Il est bon pour le foie et réduirait le taux de cholestérol. Il serait même bénéfique pour les hypertendus et les personnes souffrant d'ulcère ou de surpoids. La figue de barbarie, riche en fibre contient des taux particulièrement élevé de calcium et de potassium. Ils sont parmi les plus élevés pour un fruit frais. Grâce à ses effets antioxydants, elle préviendrait même contre le mal du siècle, en l'occurrence le cancer. La figue de barbarie est disponible, en Algérie, entre juillet et septembre. Des variétés tardives y sont rares et peuvent être récoltées jusqu'au mois de décembre. Les fleurs séchées de cette plante, très riches en minéraux comme le potassium, le magnésium, le fer, le calcium, et le zinc, sont utilisées pour soulager les douleurs gastro-intestinales, rénales et soigner l'hypertrophie bénigne de la prostate. L'industrie pharmaceutique américaine, canadienne et européenne ne cesse de s'intéresser à cette plante, pourtant pleine d'épines mais aux mille vertus ! Les Marocains, ayant compris l'enjeu, collaborent avec l'Institut américain de la santé afin de promouvoir, dans le domaine médicinal, les vertus de leur cactus ! Le cactus au service de l'écologie et de l'agriculture En agriculture, il sert de clôtures végétales par excellence et surtout d'aliment «gratuit» pour les animaux d'élevage, particulièrement dans les zones arides et semi-arides où le fourrage y est très rare. Le cactus contribue aussi à la fixation des dunes, à l'enrichissement du sol en matière organique, à la lutte contre la désertification et l'érosion. L'avantage de sa culture : une grande adaptation aux conditions du milieu les plus critiques. La plante peut d'ailleurs même créer un micro-climat favorable au développement d'une faune et une flore très diversifiées dans les zones désertiques. Les tiges du cactus en forme de raquettes épaisses, appelées aussi cladodes, peuvent servir comme engrais ou fourrage pour les animaux. Les cladodes peuvent assurer la satisfaction de 80% des besoins du bétail en eau d'abreuvement, surtout durant les périodes chaudes et de transhumance. Le Maroc et la Tunisie comme exemples Conscients de ce don du ciel, les Marocains et les Tunisiens semblent bien comprendre l'enjeu. Le cactus n'est plus cette plante symbolisant la misère et la pauvreté. Sa culture est prometteuse et à forte valeur ajoutée. D'ailleurs, le nombre des exploitations agricoles, spécialisées dans la culture du figuier, augmente de jour en jour. Cela est encouragé par le caractère facile de cette culture, laquelle ne nécessite, ni irrigation, ni entretien. Ces exploitations, qui ont préféré se consacrer à un créneau de plus en plus porteur, ont pour principal objectif : créer de l'emploi et favoriser l'exportation. Même les médias occidentaux semblent être de plus en plus intéressés par l'expérience réussie de nos deux voisins. Des reportages sont souvent réalisés sur place, par de grandes chaînes de télévision, donnant ainsi plus de notoriété à une plante délaissée auparavant. Chez nos voisins de l'Est, l'Agence tunisienne de promotion des investissements agricoles accorde des subventions aux producteurs de cactus afin de les encourager à cultiver cette plante fruitière aux innombrables vertus. La culture de cette plante y demeure une filière agricole plus rentable que la viticulture, entre autres. D'ailleurs, la superficie dédiée à cette plante en Tunisie, appelée aussi la reine des récoltes, avoisine les 500.000 hectares. En l'absence de chiffres chez nous, l'Algérie, et en dépit de son très vaste territoire, est loin d'avoir une telle superficie consacrée à la plantation du figuier de barbarie. La localité de Bouargourb (non loin de la ville tunisienne de Nabeul), connue pour la plantation du nopal abritera, le mois de novembre prochain, le premier festival dédié à la figue de barbarie. Les Marocains qui viennent d'organiser un Congrès mondial dédié à cette plante sont membres actifs du réseau international «FAO Cactusnet». Dans le Sud marocain, où la sécheresse bat son plein, les autorités semblent trouver la bonne solution pour exploiter les rares ressources qui subsistent avec peu d'eau. «Investir» dans le cactus, c'est aussi contrecarrer, un tant soit peu, les affres du chômage dans les zones déshéritées. Les coopératives agricoles spécialisées notamment dans la production, la transformation et l'exportation des figues de barbarie et des huiles de leurs graines y voient le jour d'une manière «spectaculaire». Cela constitue une participation active à un développement économique et social durable. C'est un bon moyen d'offrir à une population rurale défavorisée une activité rémunérée. Même l'apiculture y prend une relance considérable, dans des endroits désertiques grâce au cactus.