Réunis hier à Luxembourg, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont promis de «mobiliser leurs instruments d'aide disponibles pour soutenir les pays du Sahel en matière de développement, de gouvernance et de sécurité». Dans une déclaration adoptée à la fin de la réunion et diffusée on line, il est indiqué que «l'Union européenne a l'intention d'utiliser divers instruments à sa disposition d'une manière cohérente pour promouvoir la sécurité, la stabilité, le développement et la bonne gouvernance dans la bande sahélienne». De ce fait, l'UE a chargé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, «de définir une stratégie sur le Sahel pour le début de l'année prochaine». La déclaration ne comporte aucune explication sur les détails de cette aide qui concerne le Mali, le Niger et la Mauritanie. C'est la première fois que l'UE tient une réunion d'un aussi haut niveau sur «les moyens d'apporter une aide aux pays du Sahel confrontés au terrorisme, notamment pour la formation des forces de sécurité locales». Elle intervient après la conférence du groupe d'action antiterroriste des pays du G8 (CTAG) tenue le 13 octobre dernier à Bamako, la capitale malienne, et qui avait vu la participation des Etats-Unis, de la Russie, du Japon, Canada, de la France, de la Grande-Bretagne, de l'Italie, de l'Allemagne, de l'UE, de la Suisse, de l'Espagne, de l'Australie, de la Mauritanie, du Niger, du Burkina Faso, du Sénégal, du Nigeria et aussi du Maroc, dont la présence avait irrité l'Algérie et suscité son absence. Aucune information n'a filtré sur l'ordre du jour de cette réunion, en raison du huis clos imposé par le Canada.La mission de l'UE semble très difficile à mener vu la position de l'Algérie qui a toujours privilégié la coopération régionale en matière de lutte contre le terrorisme. A ce titre, il est important de rappeler les déclarations du ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, jeudi dernier sur les ondes de la Chaîne III. Il avait estimé que la sécurité dans le Sahel «était du ressort» des pays de cette région. Selon lui, «l'Algérie n'a jamais dit que les pays qui ne font pas partie de cette zone n'étaient pas concernés par la lutte contre le terrorisme. Si ces pays peuvent apporter leur aide, ils sont les bienvenus, mais ils ne peuvent venir s'implanter chez nous pour apporter la solution». Le ministre faisait état de sa réaction par rapport à l'intervention militaire française au nord du Mali, aux côtés de l'armée mauritanienne (au mois d'août dernier pour officiellement libérer un otage français exécuté quelque temps plus tard) mais également l'envoi au Niger d'un commando français de 80 militaires à la suite de l'enlèvement, le 16 septembre dernier, de 7 personnes (5 Français, un Malgache et un Togolais) faisant partie du personnel de la société minière française Aréva, au nord du Niger. Les 7 otages avaient été transférés par les terroristes au nord du Mali, où les négociations pour leur libération sont en cours. La multiplication des enlèvements d'Occidentaux dont la libération s'est faite en contrepartie de fortes rançons a suscité les inquiétudes de l'UE qui a consacré, pour la première fois, une réunion de ses ministres des Affaires étrangères. Parmi les propositions prévues, l'aide à la formation de douaniers ou de forces de police dans les pays du Sahel, mais aussi des administrations locales et du système judiciaire. Pour l'instant, l'idée d'envoyer des troupes ou de participer à des opérations de lutte contre le terrorisme dans la région a été écartée, vu non seulement la réticence de certains pays membres de l'UE, mais également de certains Etats de la région, comme l'Algérie.