«L'Algérie est incontournable au Sahel», a déclaré récemment L'ambassadeur de France à Alger, Xavier Driencourt lors d'un déplacement dans la région de Jijel. «L'importance de la voix de l'Algérie sur la scène internationale», a réitérée, au cours d'un point de presse. Considérée comme «leader» dans la région du Sahel, le ministre a estimé qu'«il est tout à fait normal que nous ayons des relations avec les autorités algériennes sur cette question». Le diplomate a ajouté que son pays et l'Algérie «ont la même préoccupation sur certaines questions, notamment celle du Sahel». Cette déclaration, sur une aussi sensible question, ne peut être que l'expression de la position de l'Elysée, estiment unanimement de nombreux observateurs de la scène régionale, d'autant plus qu'elle intervient au lendemain de l'amorce une phase de réchauffement entre Alger et Paris. C'est donc un autre signal très positif à la veille de l'arrivée à Alger de Jean-Pierre Raffarin auquel le président français, Nicolas Sarkozy, vient de confier une mission pour lever les obstacles économiques entre les deux pays. M. Raffarin abordera certainement la question du Sahel. Et c'est là que réside tout le point de la déclaration de M. Driencourt. Lundi dernier, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, a souligné à Alger que la responsabilité des pays du Sahel implique, non seulement la lutte antiterroriste mais également le développement global de la région qui est un objectif «noble». «Avant d'évoquer l'intervention de certains pays qui s'intéressent à la région, il est plus opportun de parler des efforts consentis par les pays du Sahel, eux-mêmes, pour prendre en main leur destin», a-t-il affirmé, en réponse à une question sur l'intervention étrangère dans le Sahel confronté au terrorisme. Le même jour, les ministres des Affaires étrangères de l'UE réunis à Luxembourg, ont chargé la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, «de définir une stratégie sur le Sahel pour le début de l'année prochaine», selon le texte qu'ils ont adopté. «L'Union européenne a l'intention d'utiliser divers instruments à sa disposition d'une manière cohérente pour promouvoir la sécurité, la stabilité, le développement et la bonne gouvernance dans la bande sahélienne», composée du Niger, de la Mauritanie et du Mali, ajoute le document. L'Europe doit aussi tenir compte de la sensibilité de l'Algérie dans la région. Les dérapages du ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner quoique rectifiées par son homologue de la Défense, Hervé Morin s'ajoutent à la présence des pays non frontaliers du Sahel (Maroc, Tchad et Libye), à la réunion de Bamako les 12 et 13 octobre dernier. Alger a toujours estimé que la sécurité dans le Sahel est du ressort des pays de cette région. «Il faut regarder lucidement le passé pour construire l'avenir», a estimé l'ambassadeur français lors de la même occasion évoquant aussi les investissements français qui ont permis, selon lui, à un grand nombre d'entreprises d'être «présentes sur le long terme, donnant lieu à la création de nombreux emplois».