Sous le fallacieux prétexte de la lutte antiterroriste, l'Union européenne remet en selle la question de la bonne gouvernance en Afrique. Après les Américains, c'est au tour des Européens d'afficher leur inquiétude devant la menace terroriste que représente le Gspc, branche présumée d'Al Qaîda au Maghreb, sur la région du Sahel. Réunis mardi à Bruxelles, les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne, ont exprimé à l'unanimité leurs inquiétudes. Une menace, ont-ils estimé, qui pourrait exporter ses affres jusqu'en Europe. Aussi, n'ont-ils pas exclu d'intervenir sur le plan matériel. Cette intervention s'effectuera sous forme d'aides aux pays les plus exposés à cette menace comme le Mali et la Mauritanie. Déstabilisée sur le plan sécuritaire, la bande du Sahel est devenue un couloir utilisé par les réseaux terroristes et trafiquants impliqués dans tout genre de transactions illicites. Cet intérêt des Européens vient en droite ligne à celui exprimé, récemment, par les Américains à Alger. «Nous sommes inquiets de la question du terrorisme dans cette région (Sahel). Nous croyons fermement qu'il est de l'intérêt de tout le monde de résoudre le problème de la sécurité au Sahel. Cela ne veut nullement dire que notre intention est de remplacer ces pays dans leur rôle», a déclaré le secrétaire d'Etat-adjoint américain pour le Proche-Orient, Jeffrey D. Feltman. En outre, la réaction de l'Union européenne intervient au moment où Moscou a affirmé être en adéquation avec Alger quant à l'évaluation du terrorisme dans le monde et les mécanismes de lutte. Ainsi, cette région subsaharienne suscite l'intérêt de tous. Les Occidentaux viennent-ils enfin de prendre conscience de la menace terroriste, notamment à partir du Nord malien et de l'Est mauritanien? Les Américains ont décidé d'armer le Mali, l'Union européenne veut enfin agir pour repousser la menace. L'intérêt à cette région se limitera-t-il à la lutte antiterroriste? Rien n'est moins sûr. «Le Conseil est bien conscient des graves problèmes auxquels sont confrontés les gouvernements de la région et de la nécessité, à la fois de renforcer la présence de l'Etat, et promouvoir le développement et la bonne gouvernance, de lutter contre le trafic d'armes et de drogue et la traite des êtres humains et de prendre des mesures pour atténuer l'impact du changement climatique», note le communiqué des ministres des Affaires étrangères de l'UE. Ainsi, sous le fallacieux prétexte de la lutte antiterroriste, l'Union européenne remet en selle la question de bonne gouvernance dans la régions du Sahel. «L'UE réfléchit aux moyens de consolider son rôle actif dans la région, dans l'optique d'utiliser de façon stratégique les instruments dont elle dispose», souligne également le communiqué de l'Union, qui souligne, néanmoins, que «l'action de l'UE ira de pair avec un dialogue politique approfondi qui sera mené avec les Etats du Sahel concernés et les au-tres acteurs-clés.». Dans ce cadre, l'Algérie aura son mot à dire et dont l'expérience en la matière n'est plus à démontrer. En contrepartie, l'Algérie verrait d'un bon oeil la fourniture de matériels sophistiqués, à l'instar des drones, et cela sans condition.