Il y a dix ans, Frédéric Brunquell a réalisé un documentaire, Tortionnaires, pour France Télévisions, abordant l'exemple algérien avec les parachutistes, Israël avec un appelé de Tsahal qui avait torturé pendant la première intifadha, l'Afrique du Sud et l'Argentine. Pour la réalisation de François Mitterrand et la guerre d'Algérie qui sera diffusé sur France 2 dans le cadre de l'émission Infrarouge, le 4 novembre, Frédéric Brunquell nous indique qu'il a fallu rechercher des images, raconter l'histoire de manière cinématographique, aller chercher les témoins, notamment algériens : le frère de Ahmed Zabana et le compagnon de cellule de Fernand Iveton. Gisèle Halimi, Roland Dumas, André Rousselet (ancien chef de cabinet de François Mitterrand), Jean Daniel (journaliste) se sont imposés comme des témoins directs de ces années-là. «On ne peut pas raconter cette histoire de façon froide», nous dit Frédéric Brunquell. «Chaque interview de Louisette me tire des larmes.» «Ces images où un soldat français descend à bout portant des Algériens sont très dures ; on les a vues souvent comme illustration de la guerre, mais là, je les ai replacées dans leur continuité, c'est-à-dire qu'après le massacre de Philippeville, à Aïn Labid, les militaires sont arrivés et, sans discernement, ils ont tiré dans le tas.» «Tous les moments d'émotion sont en Algérie. Quel mépris pour le frère de Zabana : il apprend à la radio que son frère a été exécuté !» «J'ai la conviction que tant qu'on ne la raconte pas, tant qu'on n'est pas capable de l'aborder, on n'arrivera pas à avancer dans les relations franco-algériennes. Et puis, je pense qu'on a un vrai devoir de l'expliquer aux jeunes générations issues de l'immigration. A l'école, ils ont une heure et demie de cours sur la guerre d'Algérie dans toute leur scolarité. On ne peut pas se contenter de cela, c'est un conflit majeur.» «Comment peut-on comprendre la vie politique en France aujourd'hui si on n'a pas un éclairage sur la IVe République et sur les guerres coloniales de la France ?» «Pourquoi est-ce qu'on n'imaginerait pas un débat sur la gauche et la raison d'Etat ? On pourrait espérer qu'il y ait un vrai débat sur ces années-là» François Mitterrand et la guerre d'Algérie sera diffusé au festival du film d'histoire de Fessac en novembre, et sur la chaîne Planète. Pourrait-il l'être en Algérie ? «J'adorerai que la télévision algérienne le diffuse.»