Le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, a répondu hier aux remarques et interrogations, nombreuses, des députés, exprimées lors du débat général autour de la présentation de la déclaration de politique générale du gouvernement. Durant une bonne heure, le Premier ministre a tenté de renverser la vapeur au sein de l'hémicycle dans un exercice dans lequel il a voulu se montrer très serein et parfaitement à l'aise pour affronter les critiques adressées à son gouvernement, fidèle à son style, privilégiant l'offensive à la défensive. Durant les deux journées pleines qu'avaient duré les débats, l'Assemblée nationale s'était transformée en une tribune de l'opposition dûment assumée ou de circonstance. A l'image de ces nombreux députés issus de la majorité parlementaire lesquels, sortis de l'anonymat des débats habituels de l'APN par la grâce de la retransmission télévisée de leurs interventions, ont retrouvé, l'espace d'un moment, leur véritable vocation d'élus du peuple se faisant l'écho des préoccupations les plus larges de leurs électeurs. Grâce à la magie et au miracle de la télévision, il a été ainsi donné aux Algériens de découvrir des députés des partis de la majorité parfois plus critiques et plus virulents sur certains aspects du bilan du gouvernement et des réalités locales que ne le furent les élus de l'opposition dont c'est le rôle, naturel, de ne pas se montrer complaisants à l'endroit de la politique gouvernementale. Près de 200 interventions furent enregistrées, un record jamais atteint lors des autres débats en plénière ! Les «tirs amis» ont également tonné au sein de l'hémicycle venant paradoxalement des positions des partis de la majorité. Quand on a vécu toute cette ambiance de roulement de tambours dans lequel se relayaient allégrement les différents groupes parlementaires, par-delà leurs sensibilités politiques, la logique et le bon sens auraient voulu que cette mobilisation, cette ardeur retrouvée pour le débat critique et contradictoire se traduisent par des actes concrets dans l'opération de vote de la déclaration de politique générale du gouvernement. Et au-delà par des actions de rééquilibrage, de recentrage, de mise en conformité du programme d'action du gouvernement avec les attentes et les préoccupations des représentants du peuple qui sont censés incarner la volonté populaire. De reconfiguration de l'équipe gouvernementale. Pour avoir déjà vécu des situations similaires de show parlementaire où des esprits trop crédules sont allés jusqu'à parier sur la chute du gouvernement devant les feux croisés essuyés par le gouvernement, on peut affirmer avec certitude que l'inflation des interventions enregistrées cette fois-ci également n'aura aucune chance de mettre en difficulté le gouvernement de Ouyahia. Contraint par le passé à recourir à une défense musclée en mobilisant la parole pendant des heures pour tenter de convaincre et répondre aux questions des députés, le Premier ministre s'est contenté, cette fois-ci, d'une toute petite heure pour emballer et embellir son colis. Il sait qu'il est en terrain conquis et que, au final, le plébiscite de sa déclaration de politique générale ne suscite pas le moindre doute dans son esprit.