La déontologie médicale, tout le monde en parle aujourd'hui et surtout les malades. Avec la démocratisation de la vie sociale, beaucoup de citoyens ont de plus en plus conscience de leurs droits en tant que malade. N'empêche que l'Ordre des médecins se souci davantage de l'exercice de la médecine dans l'intérêt du malade que dans la défense corporatiste des médecins. Cette dernière mission est laissée aux associations syndicales de médecins et des praticiens. Le souci de représentativité de l'ensemble des médecins qui exercent dans les secteurs public et parapublic ou établis en privé (soit aujourd'hui près de 55 000) n'en pas moins un souci permanent pour l'ensemble des organes de l'Ordre tant au niveau national que régional. D'ailleurs, le 7 octobre dernier, la plupart des structures ont été renouvelées de moitié conformément aux textes qui régissent l'activité de l'Ordre national des médecins. Alors qu'il devrait être considéré comme un partenaire incontournable pour toutes les questions ayant trait à la santé et à l'exercice de la médecine par les pouvoirs publics ou les institutions élues APW et APN, on apprend, par exemple, du président de l'Ordre des médecins que le ministère de la Santé, partenaire théoriquement primordial, n'a jusqu'à présent, c'est-à-dire début octobre, jamais sollicité l'Ordre des médecins pour le moindre avis ni pour la moindre concertation pour la définition et la mise en oeuvre de politique de santé ou sur d'autres questions qui intéressent la pratique médicale en Algérie. Etonnant, et pour ainsi dire révélateur des pratiques autoritaires qui caractérisent des secteurs dit de souveraineté où l'on ne songent jamais à élargir la concertation à associer les secteurs de la société civile hormis, sans doute, quand il s'agit d'élections législatives ou présidentielle. Pour ce qui est du ministère de la Santé, il est même allé jusqu'à s'opposer au renouvellement des structures de l'Ordre national des médecins du 7 octobre dernier. Malgré cela, l'Ordre des médecins tente de conduire sa première mission de «veille» sur la pratique médicale dans l'ensemble des secteurs public, parapublic et privé. La preuve, l'actuel conseil national a eu à se pencher sur près de 300 plaintes de malades déposées auprès de ses différentes instances en quatre ans. Selon son président, la plupart d'entre elles ont été réglées au profit des patients et des sanctions prononcées à l'encontre des médecins «fautifs». Cela va du simple avertissement, à la suspension ou à l'arrêt de l'activité en passant par le blâme. Il n'en demeure pas moins que les malades préfèrent saisir la justice afin d'obtenir des dommages et intérêts, ce que l'Ordre national des médecins n'accorde pas quand il rétablit les malades dans leurs droits. Dans la poursuite de sa mission, l'Ordre plaide pour une dépénalisation de la faute et de l'erreur médicale, comme l'explique son président, car l'acte médical est d'abord un contrat entre le malade et son médecin avec une obligation de moyens et non pas de résultat. Quant aux rapports avec la justice, le président de l'Ordre rappelle à juste titre que le médecin, justiciable, ne peut être considéré comme un délinquant dans son acte médical. Il serait souhaitable que la justice prenne la mesure de recueillir l'avis des représentants de la profession avant qu'elle ne condamne un médecin pour la faute ou l'erreur qu'il a commise, comme cela se pratique dans des sociétés avancées. Mais l'Ordre des médecins ne se délivre pas uniquement des satisfecit, beaucoup de choses restent à faire, notamment dans le domaine de la formation continue des praticiens où il compte beaucoup sur la contribution des structures de l'appareil de formation de l'enseignement supérieur, de la santé, afin que les médecins puissent être à jour pour ce qui est des connaissances médicales et en matière de progrès des traitements de maladies émergentes.