Le développement du partenariat interrégional est un axe majeur par lequel devra passer l'Afrique pour gagner de la croissance. Le message a été délivré par Donald Kaberuka, président de la Banque africaine de développement (BAD), lors de la 5e conférence économique africaine qui s'est tenue à Tunis du 27 au 29 octobre dernier. M. Kaberuka a souligné que les fondamentaux des économies africaines restent bons malgré les effets pervers de la crise financière internationale, mais pour répondre à l'ensemble des besoins de l'économie africaine, il faudra mettre l'accent sur la coopération interrégionale, qui est actuellement «à son niveau le plus bas». La BAD, a-t-il précisé, est actuellement en train d'évaluer les économies des pays africains au cas par cas, tout en veillant à identifier les axes et secteurs favorisant la coopération interrégionale, qui constitue une réelle chance pour le continent. La coopération interrégionale doit, selon la BAD être accompagné d'une promotion des infrastructures de base, des télécommunications et de la bonne gouvernance pour assurer une croissance à long terme, selon une étude de la Banque qui a été présentée à l'occasion de la conférence. «Les routes sont essentielles pour relier les zones de production aux zones de consommation du continent (...) Or, l'état des routes en Afrique est tel qu'il faut actuellement une heure pour parcourir 12 kilomètres», selon le document rendu public par la presse. Pour combler son retard en la matière, l'Afrique aura besoin de 93 milliards de dollars chaque année sur la prochaine décennie dont la moitié est actuellement disponible, a averti la BAD. Les secteurs de l'infrastructure et les technologies de la communication et de l'information ont absorbé 52,1% des investissements en 2009. L'étude a notamment cité la construction des routes transnationales dans le cadre des projets de corridors Dakar-Le Caire, Tripoli-Windhoek et Lagos-Mombassa. Des extensions en cours donneront un accès à la mer à 15 pays enclavés qui représentent un tiers de l'économie et 40% de la population totale du continent. S'agissant des technologies d'information et de communication (TIC), la BAD note que si le nombre d'abonnés au téléphone mobile en Afrique est passé de 10 millions en 2000 à 180 millions en 2007, le coût de la communication y reste élevé à 12,5 dollars par mois, soit six fois plus qu'au Bangladesh, en Inde et au Pakistan. Quant à la bonne gouvernance et la qualité des services, elles sont jugées essentiels pour améliorer le volume et la qualité des échanges intra-africains, qui ne représente que 13% du volume global des échanges du continent. Mthuli Ncube, économiste en chef de la BAD, a estimé que les nouveaux partenariats dans lesquels s'engage présentement l'Afrique doivent lui permettre de relever ces challenges Il reste par ailleurs à renforcer la qualité des autorités locales à absorber des projets de développement et à lever les trop nombreux obstacles associés au commerce intra africain, notamment à travers le renforcement des structures supranationales, a-t-il ajouté. De son côté, le gouverneur de la Banque centrale du Kenya, Njuguna Ndungu, a affirmé que le continent doit maintenant consolider et pérenniser les succès qui ont été engrangés, en levant davantage les obstacles régionaux au commerce. «De fortes contraintes persistent et empêchent d'intensifier la création de richesses propices aux investissements, et au commerce de fleurir davantage. Des projets régionaux pour combler les déficits en infrastructure aideraient grandement à atténuer ces contraintes qui retardent l'avancée du continent», a-t-on rapporté. Certains experts présents à la conférence ont plaidé pour le rapprochement des pays africains avec les nouveaux pays émergents dans le cadre d'une stratégie de coopération basée sur «l'intérêt mutuel et le réalisme».