Le président de la Banque africaine de Développement (BAD) Donald Kaberuka a affirmé jeudi à Tunis que l'Afrique dispose des ressources humaines et naturelles requises pour réaliser son auto-développement et se dispenser de l'aide extérieure. Dans une allocution prononcée à l'ouverture de la deuxième réunion consultative africaine sur l'efficacité de l'aide, Kaberuka a fait remarquer que ces aides aggravent la dépendance du Continent de l'extérieur. Selon lui, la solution réside dans l'adoption d'un modèle de développement efficace boosté par un secteur privé dynamique et soutenu par des gouvernements à travers la modernisation de l'infrastructure, la mise à niveau des ressources humaines et la promotion de l'initiative privée. Il a insisté sur la nécessité pour les Africains d'intégrer leurs économies et de s'adapter aux exigences de l'économie mondialisée. Selon lui, les pays africains devraient envisager de recourir aux marchés financiers internationaux et utiliser le potentiel inexploité du marché Intérieur des capitaux. "Pour élargir leur assiette fiscale, les Etats africains ont besoin de convaincre les citoyens que leurs impôts seront utilisés dans l'intérêt public. Beaucoup d'observateurs considèrent ce contrat implicite entre l'État et le citoyen comme fondamental pour le développement démocratique", a-t-il déclaré. "Je crois qu'il est temps de déplacer le débat de la mécanique de l'aide fournie aux pays africains vers les défis plus larges de développement auxquels nous serons confrontés dans les années à venir", a ajouté le président de la Bad, estimant que l'aide ne constitue jamais une fin en soi. "Si l'aide doit être véritablement efficace, elle va progressivement disparaître. Une aide efficace doit être conçue dans l'esprit de renforcer et non pas remplacer l'énergie et les capacités nationales". Il s'agit d'une nouvelle façon de penser le partenariat pour le développement, a affirmé M. Kaberuka. Kaberuka a souligné que la BAD a accordé ces dernières années des financements de 9 milliards de dollars pour appuyer l'intégration économique régionale en Afrique, considérant que la meilleure intégration demeure la création des Etats-Unis d'Afrique. De son côté, Ibrahim Assane Mayaki, Directeur général de l'Agence de planification et de coordination du NEPAD, a affirmé que l'Afrique reçoit chaque année des aides extérieures variant entre 30 et 40 milliards de dollars. "On ne peut pas, a-t-il ajouté, compter éternellement sur ces aides car elles ne garantissent pas l'avenir des Africains dont le nombre s'élève actuellement à un milliard et dont les deux tiers sont âgés de moins de 25 ans". Il a mis l'accent sur l'importance de la coopération Sud-Sud et sur l'enjeu d'opter pour la bonne gouvernance et la transparence des transactions. Il convient de signaler que la deuxième réunion consultative africaine sur l'efficacité de l'aide est organisée par la BAD conjointement avec le Nouveau Partenariat pour le Développement de l'Afrique (Nepad). Cette réunion de deux jours, organisée sur le thème "de l'efficacité de l'aide à l'efficacité du développement", a pour objectif d'élaborer un programme cohérent en prévision du forum international des bailleurs de fonds qui se tiendra au mois de novembre 2011 en Corée du Sud.