Neuf douaniers, tous grades confondus, ont été placés sous mandat de dépôt et six autres sous contrôle judiciaire par le tribunal d'El Harrach près la cour d'Alger. Ils sont poursuivis pour complicité présumée dans un réseau de trafic de cabas, au service des visites de l'aéroport international d'Alger. Le petit tribunal d'El Harrach près la cour d'Alger a connu, jeudi dernier, une effervescence particulière. Une vingtaine de douaniers, tous grades confondus, exerçant au service «visite» de l'aéroport international d'Alger, ont été convoqués par le parquet pour l'affaire du trafic «de cabas» contenant des produits de contrebande destinés au marché informel qui avait fait couler beaucoup d'encre, il y a quelque temps. Tard dans la journée, après avoir entendu tout le monde, le magistrat instructeur a placé neuf accusés sous mandat de dépôt et six autres sous contrôle judiciaire, alors que l'enquête se poursuit toujours. Les enquêteurs, voulant savoir si les mis en cause appartiennent à un plus vaste réseau, tenteront de situer les dommages subis. Parmi les inculpés, un seul douanier exerce au port d'Alger, et aurait été impliqué pour avoir tenté d'intervenir pour l'un des trabendistes, nous a-t-on précisé de source douanière, il a ajouté que tous les mis en cause, en majorité des officiers de visite et des inspecteurs, sont poursuivis pour avoir été «complaisants» à l'égard de nombreux trabendistes qui font notamment dans le trafic d'effets vestimentaires. Cette affaire avait suscité un vrai remue-ménage au sein de l'Waéroport international (service visite) où les «trabendistes» bénéficieraient de «larges complicités» auprès des services de contrôle au niveau du hall des arrivées. Le pot aux roses a été découvert, par les policiers, grâce aux caméras de surveillance installées un peu partout et surtout dans le hall des arrivées. Dans une lettre adressée aux responsables des Douanes, les policiers se sont plaints des douaniers qui encadrent le réseau de porteurs de «cabas» en provenance de Turquie, d'Italie, de Syrie et des Emirats arabes unis. L'exploitation des enregistrements vidéo aurait montré des complicités avérées de certains agents, impassibles devant les montagnes de bagages qui passent sans aucun contrôle. Quelques mois auparavant, les douaniers avaient eux-mêmes saisi le service de la police des frontières de l'aéroport, les sommant à «plus de vigilance». Enregistrement vidéo En tout état de cause, cette affaire a fait l'effet d'une bombe, même si les décisions du parquet interviennent après un long silence. Pour beaucoup, le hall des arrivées de l'aéroport d'Alger constitue un enjeu important pour ceux qui y exercent. Dans cette enceinte, des centaines de «cabas» remplis de produits de contrebande transitent quotidiennement, grâce à des complicités diverses pour alimenter le marché informel. Les différentes mesures de sécurité imposées n'ont pas pour autant freiné les trafics. L'incarcération des neuf douaniers et la mise sous contrôle judiciaire de sept autres ne sont que les premières décisions, en attendant que l'instruction au niveau du tribunal d'El Harrach, près la cour d'Alger, se termine. Affaire à suivre…