Le procès dont la date n'a pas encore été fixée dans cette affaire de détournement de matériel militaire au profit des groupes islamistes promet très certainement des révélations fracassantes. Neuf douaniers ont été écroués par le tribunal d'El-Harrach, alors que 4 autres ont été mis sous contrôle judiciaire dont 3 femmes, 2 autres douaniers ont bénéficié de la liberté provisoire dans l'affaire considérée, selon une source judiciaire, comme le plus “grand scandale” qui éclabousse l'institution que dirige Abdou Bouderbala dans la mesure où il touche à la sûreté de l'Etat. Le juge d'instruction près le tribunal d'El-Harrach a décidé avant-hier à une heure tardive de la nuit d'écrouer 16 personnes dont 9 douaniers relevant du service fret de l'aéroport international d'Alger et 5 opérateurs, alors que 5 douaniers relevant du même service dont 3 femmes (un officier et 2 agents) ont été mis sous contrôle judiciaire, 2 autres douaniers ont bénéficié de la liberté provisoire. Deux autres personnes, des militaires impliqués dans cette affaire, sont en détention à la prison militaire de Blida. Les accusés ont été poursuivis pour “association de malfaiteurs, corruption, atteinte à l'économie nationale et à la sûreté nationale, dilapidation des biens publics, importation illicite d'un matériel sensible”. L'affaire se poursuit toujours au niveau du service fret de l'aéroport international d'Alger selon notre source, où plusieurs opérations de trafic de matériel sensible auraient été enregistrées au niveau de ce service. Les enquêteurs travaillent sur l'identification des personnes qui avaient bénéficié de ce matériel dont une partie a été saisie chez des terroristes. Il faut savoir que l'enquête a été déclenchée par la Police judiciaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) suite à l'arrestation d'un terroriste en possession d'un poste radio émetteur-récepteur. Les investigations ont conduit à l'interpellation de plusieurs douaniers qui facilitaient la sortie de ces équipements considérés toutefois comme matériel militaire dans des colis destinés aux trabendistes par voie du fret. Les douaniers mis en cause procédaient à la remise de ces colis qui contenaient des appareils de télécommunications, à savoir des téléphones satellitaires Thuraya, des postes radio émetteurs-récepteurs, des caméras à infrarouge sans les contrôler avec la complicité des deux militaires chargés de la surveillance au niveau du service scanner de l'aéroport en contrepartie d'une importante somme d'argent et de précieux “cadeaux” alors que l'importation de ce matériel doit être soumise à une autorisation des instances compétentes. Il faudrait relever que ce scandale intervient quelques jours après la suspension de 12 douaniers de contrôle dont le chef de service des voyageurs toujours au niveau de l'aéroport d'Alger impliqués dans une affaire de corruption liée aux cabas appartenant aux trabendistes dissimulées dans les toilettes. Les douaniers seront traduits très prochainement devant la commission disciplinaire. Le dossier pourrait être transféré devant le tribunal d'El-Harrach, précisent nos sources. Dans le même registre, il faut également savoir que l'affaire des 11 douaniers impliqués dans le transfert de plus de 18 millions d'euros est au niveau de l'instruction du tribunal de Chéraga. De 2005 à 2009, l'inspection générale de la douane a recensé 25 affaires liées à la corruption, 12 cas de malversations, 12 de vol et escroquerie, 3 cas de dissimulation et fausse déclaration, 15 cas de faux et usage de faux, 1 cas de dilapidation de deniers publics, 5 cas de complicité dans l'importation frauduleuse de marchandises et 12 cas de manœuvre frauduleuse, soit un total de 72 affaires transmises à la justice, selon Majid Mhireche, l'inspecteur général de la douane. Le dispositif mis en place dans le cadre de la lutte contre la corruption et les détournements a certes permis de mettre en lumière beaucoup de cas de malversations mais il n'a pas encore atteint l'ensemble de ses objectifs.