Vingt personnes ont été présentées, lundi dernier, au parquet d'El Harrach près la cour d'Alger, et deux autres ont déférées au tribunal militaire dans le cadre du scandale lié à l'importation illégale de moyens de télécommunication par fret à l'aéroport d'Alger. Inculpées, 16 d'entre elles ont été placées sous mandat de dépôt, 2 sous contrôle judiciaire et 2 autres maintenues en liberté provisoire. Après avoir décapité le service des voyageurs au niveau de l'aéroport international d'Alger, c'est au tour de celui du fret d'être éclaboussé par un scandale lié, cette fois-ci, à l'importation de matériel de télécommunication, dont une partie aurait été retrouvée chez des terroristes arrêtés. Très grave et sensible, l'affaire a été prise en charge par le service de la police judiciaire militaire du Département du renseignement et de la sécurité (DRS). Au moins une trentaine de personnes ont été entendues, notamment des douaniers (exerçant au service du fret), dont 17 ont fait l'objet d'une interdiction de sortie du territoire, ainsi que le personnel de deux entreprises privées chargées des colis postaux, UPS et DHL. Après trois semaines d'enquête préliminaire, 20 mis en cause ont été présentés au parquet d'Alger et 2 autres, des militaires chargés du scanner (au service fret), au tribunal militaire de Blida ; ces derniers sont en détention. Après une audition très tardive, le magistrat instructeur près le tribunal d'El Harrach a ordonné la mise sous mandat de dépôt de 16 prévenus, dont 9 douaniers, 5 cadres de l'UPS et de DHL, ainsi que 2 commerçants. Trois douanières ont été inculpées, dont 2 placées sous contrôle judiciaire et une en liberté provisoire, décision qui concerne également un commerçant. Les chefs d'inculpation retenus contre elles par le magistrat instructeur sont, entre autres, association de malfaiteurs, corruption et dilapidation de deniers publics. Selon des sources proches du dossier, il s'agit en fait « d'un réseau » de trafic de matériel de télésurveillance et de télécommunication, notamment des téléphones satellites Thuraya, des postes radio émetteurs-récepteurs et surtout des circuits intégrés importés par des particuliers par voie de fret, à travers UPS ou DHL, sans payer les droits et taxes pour certains équipements et, plus grave, sans autorisation préalable pour d'autres, notamment ceux considérés comme étant du matériel militaire. En fait, c'est à la suite de l'arrestation d'un terroriste qu'un douanier aurait été arrêté à Sétif ; grâce à lui, le voile sur ce trafic a été levé. Le douanier en question avait travaillé durant des années au service fret de l'aéroport d'Alger avant d'être muté à Sétif, il y a moins de 2 ans. Quelques jours après son arrestation, 17 de ses collègues ont été interpellés, puis inculpés et interdits de quitter le territoire national, alors que 2 militaires, exerçant au service scanner, ont été mis en détention. Deux commerçants, ayant importé quelques colis, ont été également interpellés par les services de sécurité. Pour l'instant, l'enquête n'a pas prouvé si le « réseau » en question avait un lien avec les terroristes, même si quelques équipements auraient été retrouvés entre leurs mains. Ce qui est certain, c'est que cette affaire vient d'éclabousser deux services des Douanes les plus importants au niveau de l'aéroport international d'Alger. Le premier est celui de la visite (fouille des voyageurs) où 12 douaniers ont été suspendus après avoir été mis en cause dans une affaire de « trafic de cabas ». Un climat de tension et de suspicion s'est vite installé et les responsables ne semblent pas mesurer la gravité de ces affaires et leurs répercussions sur l'image de l'institution douanière. Tous les cadres dirigeants étaient hier à Ghardaïa pour faire le bilan de la… modernisation. Cette modernisation dont on parle depuis les années 1990.