L'avenir de l'Irak est-il dans les élections ? Très probablement pas si l'on en juge par les démarches actuelles menées par la Ligue arabe en vue de réunir les différentes forces et communautés irakiennes dans le cadre d'une conférence. Le fait même d'en parler et d'en accepter le principe frappe de dérision toutes les étapes que ce pays au bord de l'éclatement a franchies, sans jamais quitter cette zone dangereuse y compris pour son voisinage. Constitution ou pas, élections générales ou pas, tout semble engagé pour endiguer cette menace. En effet, la réunion préparatoire à la conférence de dialogue national irakien se tiendra le 19 novembre au Caire, au terme d'un accord conclu entre les différentes parties, a annoncé hier un dirigeant du parti chiite Dawa du Premier ministre Ibrahim Jaâfari. « Nous sommes convenus de tenir la conférence préparatoire le 19 de ce mois au Caire, quitte à tenir la Conférence de dialogue et d'entente au début de l'an prochain en Irak, après les élections législatives », a déclaré Jawad Al Maliki, numéro deux du parti Dawa. M. Maliki a tenu ces propos à l'issue d'un entretien avec le chef de la délégation de la Ligue arabe, l'Algérien Ahmed Ben Helli, cheville ouvrière rompu aux contacts et aux vastes connaissances, en visite depuis samedi à Baghdad pour de nouvelles consultations destinées à préparer cette conférence. « Au début, nous avons hésité à accepter de nous réunir hors d'Irak. Mais des éléments ont joué en faveur de sa tenue au Caire, tels que la participation d'organisations internationales comme l'Onu et l'Union européenne, ainsi que celle de pays arabes et musulmans », a dit le responsable chiite. Il a souligné que la rencontre du Caire « constitue le lancement de la Conférence, et non la Conférence en elle-même, qui se tiendra à Baghdad au début de 2006, juste après les élections législatives » prévues le 15 décembre. Les partis chiites, a-t-il dit, « n'ont pas posé de conditions » sur les participants à cette conférence, mais réclamé « des garanties destinées à faire réussir la conférence ». Pour sa part, M. Ben Helli a affirmé qu'il « avait accompli jusque- là 80% de sa mission ». En ce qui concerne le contenu des discussions, il a indiqué qu'elles visaient à parvenir « à une entente sur les principes généraux entre tous les groupes et forces politiques qui ont une certaine influence en Irak et qui sont susceptibles de contribuer au succès de la conférence ». Le secrétaire général adjoint de la Ligue pour les affaires arabes a, par ailleurs, nié négocier avec des responsables de l'ancien régime pour qu'ils participent à la conférence. La Ligue arabe avait de différentes manières fait connaître ses craintes en ce qui concerne l'avenir de l'Irak, surtout après l'adoption de la nouvelle Constitution dont l'élément fondamental, le fédéralisme, est perçu comme la voie ouverte pour la création d'un Etat kurde au Nord, et d'un autre chiite dans le Sud. Les pays arabes craignent qu'avec ce dernier, l'Iran voisin étende son influence. Alors que la Ligue gère ces craintes, l'armée américaine subit de nouvelles pertes. Elle a perdu quatre GI's d'un coup dans un attentat suicide lundi à Baghdad. « Quatre soldats de la Task Force Baghdad ont été tués, quand une voiture piégée conduite par un kamikaze a attaqué leur barrage, le 7 novembre sur une route du sud de Baghdad », a indiqué l'armée dans un communiqué. Selon le dernier bilan de l'organisme, Iraq Coalition Casualties, 2056 soldats ou civils assimilés militaires américains sont morts en Irak depuis l'invasion du pays en mars 2003. C'est la guerre dans la guerre, et personne n'entrevoit sa fin.