Les artisans sont en butte aux problèmes d'approvisionnement en matières premières et d'écoulement de leurs produits. La maison de la culture Ali-Zâamoum de la ville de Bouira a accueilli la semaine dernière une exposition d'une quinzaine d'artisans venus de différentes communes de la wilaya. La manifestation a été organisée par la direction de wilaya du tourisme et de l'artisanat, en collaboration avec la direction de la PME et de la promotion de l'investissement à l'occasion de la journée nationale de l'artisanat. Presque tout y est : poterie, broderie sur soie, ébénisterie, couture traditionnelle, gâteaux, ainsi que des bijoux. Néanmoins, l'événement n'a pas été à la hauteur de ce que l'on attendait. Outre le nombre limité de participants, l'on a enregistré aussi moins de visiteurs intéressés par l'artisanat, contrairement aux précédentes manifestations culturelles de ce genre. D'où diverses questions sur les trois journées qu'auront duré les expositions de cette activité : a-t-on organisé cette manifestation dans le seul but de promouvoir et développer ce créneau en permettant aux artisans de tirer profit, ou bien la direction de wilaya de tourisme et de l'artisanat voulait-elle juste marquer l'événement quitte à l'organiser dans l'improvisation ? En tout cas, avant que tous ces beaux objets, faits main, ne soient présentés de la sorte, il faut bien se dire que les artisans, leurs concepteurs, avaient parcouru un long chemin, semé de milles et une embûches. «Le premier problème que nous rencontrons dans notre travail c'est l'indisponibilité de l'argent, principale matière première. Le seul organisme étatique qui nous en approvisionne c'est Agenor, l'Agence nationale de l'or, mais qui n'en dispose pas actuellement. Ce qui nous oblige à ne compter que sur la récupération des anciens bijoux», fera remarquer un artisan bijoutier participant à l'exposition. Aussi, il faut avouer que tout obstacle à la commercialisation freine inévitablement le développement de l'artisanat dans la wilaya, pense-t-on dans ce milieu. Les professionnels du créneau ne réussissent à arrondir leurs chiffres d'affaire qu'en saisons estivales, avec de potentiels touristes. «La commercialisation de nos produits ne s'épanouit guère, car nous travaillons exclusivement avec les touristes, et si ces derniers font défaut, c'est la crise !», ajoute l'artisan bijoutier. Autres artisans, autres contraintes. Pour cet ébéniste de la ville de Bouira, venu exposer ses oeuvres d'art à l'occasion de cette journée, «l'activité n'arrive pas à se débarrasser de ses problèmes». Travaillant dans sa propre maison, notre ébéniste souhaite avoir un atelier qui lui permettrait d'exercer son métier dans des conditions adéquates. La même chose se pose pour plusieurs couturières qui travaillent, elles aussi, en leurs domiciles. «Nous aimerions bien avoir un local et de nouveaux matériels pour améliorer notre production», note une couturière. «Nous attendons depuis près d'une année à ce que nos locaux soient raccordés en électricité, en vain !», enchaîne sa camarade qui a bénéficié d'un local mais qu'elle n'occupe pas encore pour le même motif à la cité des 200 logements (Les Allemands), au nord de la ville de Bouira. En somme, pour préserver ces métiers manuels et assurer un avenir moins aléatoire pour les quelque 2 600 artisans activant dans la wilaya de Bouira, les autorités locales se doivent œuvrer davantage dans le sens d'aider et de soutenir ces «gardiens de la tradition».