Les habitants de Boudouaou n'ont finalement pas passé la fête de l'Aïd El Adha comme ils l'auraient souhaité. Et pour cause : des émeutes ont éclaté dans l'après-midi de lundi dernier entre les jeunes de la localité de Benmerzouga et les forces de l'ordre. Les heurts ont duré jusqu'à 23h et ont causé d'importants dégâts matériels et d'immenses embouteillages sur plusieurs axes routiers dont la RN05 qui relie la capitale aux wilayas de l'est du pays. Les échauffourées ont été d'une extrême violence. Les manifestants ont incendié un bus appartenant à la société de transport Tahkout et un camion de combustible de Naftal. Les informations qui nous sont parvenues font état d'une dizaine de blessés dont trois gendarmes et sept manifestants. La RN05 a été transformée en véritable terrain d'affrontements entre les forces de l'ordre et les jeunes habitants de la localité de Benmerzouga. Tout a commencé après l'annonce du verdict de l'affaire des 28 émeutiers de Benmerzouga, arrêtés dans la soirée du 17 octobre dernier et jugés dix jours plus tard par le tribunal de Boudouaou. Le verdict n'a pas été clément comme l'aurait souhaité les proches des inculpés. D'autant que ces cinq jeunes ont été condamnés, selon nos sources, à des peines allant de six mois à deux ans de prison ferme. Alors que les 23 autres ont écopé des peines variant entre six mois à un an de prison avec sursis. Rappelons que le procureur de la République avait requis une peine de trois ans de prison contre les premiers et deux ans contre les derniers. Ainsi, nos sources soulignent que les heurts avaient commencé dès l'annonce du verdict. Des dizaines de jeunes venus entendre le verdict se sont «accrochés» avec les policiers qui assurent la sécurité au niveau de la même instance juridique. Mais les événements n'ont pas tardé à prendre d'autres tournures, notamment après l'arrivée d'autres groupes de jeunes de la localité de Benmerzouga, appelés en renfort par leurs camarades. Ces derniers, qui espéraient la libération des accusés pour leur permettre de passer la fête de l'Aïd avec leurs familles, se sont comportés avec une violence inouïe en bloquant plusieurs axes de la ville à l'aide de bloc de pierres. Peu de temps après, ils ont investi la RN05, qu'ils avaient fermée durant toute la soirée à la circulation automobile. Des centaines de citoyens qui s'apprêtaient à rejoindre leurs domiciles se sont retrouvés bloqués durant plusieurs heures au milieu de longues files de véhicules, formées sur la quasi-totalité des voies de la banlieue est d'Alger. Les forces antiémeute n'ont pu rien faire face à la furie des jeunes de l'agglomération de Benmerzouga. L'échange de projectiles de part et d'autre et la fumée dégagée par le bus et le camion incendiés et les pneus enflammés ont rendu l'air irrespirable, nous confient des témoins qui déplorent au passage les actes d'agression commis à l'encontre de certains automobilistes. C'était en effet une nuit cauchemardesque et très mouvementée qui reste sans aucun doute gravée dans la mémoire de ceux qui l'ont vécue. Les forces de l'ordre ont mobilisé d'importants moyens matériels pour contrecarrer les émeutiers et d'éviter d'enregistrer des blessés dans leurs rangs comme ce fut le cas le 17 octobre dernier. Le calme a été rétabli vers les coups de 23h. Nos sources indiquent que les manifestants ont été traqués jusqu'aux portes de leurs maisons. Hier, les habitants de ce quartier qui souffrent de mille maux vaquaient le plus normalement du monde à leurs occupations. Mais les échauffourées de lundi soir et les condamnations prononcées à l'encontre des 28 jeunes de la localité ne seront vraisemblablement pas oubliées de sitôt.