Tout le monde s'est donné le mot pour faire le plein de pain afin de parer à l'éventuelle «disette» devant «immanquablement» suivre l'Aïd, selon les propos des Constantinois, confrontés à la fermeture progressive des boulangeries (voir El Watan Week-end du 13 août 2010). Lundi, des files impressionnantes se sont formées tôt le matin sur les parvis des boulangeries. Sourds à tout appel à la pondération, alors même qu'une permanence a été décrétée par le ministère du Commerce pour assurer le service minimum durant les fêtes, les citoyens, persuadés de devoir bientôt subir «l'embargo du siècle», ont acheté entre 15 à 20 baguettes par famille. «Nous sommes là depuis 5h, et toutes les fournées sont insuffisantes pour satisfaire toute cette foule déraisonnable. Pourtant, nous leur avons dit qu'on sera ouvert pendant l'Aïd», nous fait savoir le gérant d'une boulangerie, boulevard Belouizdad, (ex-Saint-Jean), un quartier du centre-ville où sont concentrées plusieurs boulangeries. Une autre boulangerie, à quelques encablures de la première, enregistre le même rush. Partout, même manège. Selon tous les boulangers approchés, la crise du pain est beaucoup plus grave qu'on croit. «Ce ne sont pas quelques mesures simplistes, pénalisant le boulanger, qui vont résoudre ce problème très mal géré par nos responsables, dénonce l'un d'entre eux. On va assurer une permanence, mais de grandes quantités de pain invendu nous resteront sur les bras, car le citoyen, échaudé, a pris ses devants : il fait sa provision de pain à l'avance.»