L'Algérie est fortement dépendante des importations alimentaires, blé, lait, huiles végétales, sucre et autres produits, dont les prix ont flambé sur les marchés internationaux pour de multiples raisons qu'elle paie en pétrole. Cette double dépendance de l'Algérie des importations d'une part et des hydrocarbures qui tire vers le haut sa croissance (constituant 95% du PIB) d'autre part la rend vulnérable sur le plan alimentaire.L'orientation des politiques publiques, depuis des décennies, fortement dépendantes de la rente pétrolière, a mis le pays dans une situation de vulnérabilité critique révélée lors de la crise alimentaire de 2007-2008.La raréfaction des gisements pétroliers, les coûts des investissements et le développement des énergies alternatives aux énergies fossiles aggravent la vulnérabilité de l'Algérie, notamment en absence d'une industrie agricole lui permettant de s'équiper. Selon les experts, tous les acquis à l'indépendance du pays, en 1962, ont été des laissés-pour-compte et l'ajustement structurel imposé par le FMI et la Banque mondiale ne devrait plus constituer des prétextes à des politiques mal réfléchies. C'est l'avis partagé par de nombreux experts ayant pris part au colloque sur la sécurité alimentaire en Algérie, organisé la semaine dernière à Alger par le Centre national d'études et d'analyses pour la population et le développement (CENEAP) en hommage à feu Hamid Aït Amara, expert en économie agricole. Citant le cas de l'internationalisation de Sonatrach, sans le lier à la sécurité alimentaire, Amor Khelif, professeur à l'université d'Alger, rend compte d'une situation plus critique sur l'avenir du pays dans un contexte mondial aussi délicat. En somme, pour cet expert, le secteur des hydrocarbures, qui est source de la rente algérienne, travaille pour son développement sans plus. Face aux différentes déclarations des experts de la question alimentaire et agricole, ce secteur ne sera plus en mesure d'assurer le financement, de 5 milliards de dollars en moyenne par an, des importations en denrées alimentaires que l'agriculture algérienne n'est pas en mesure de produire pour de multiples raisons techniques et climatiques, puisque celle-ci n'est en mesure de garantir qu'entre 10 à 60 millions de quintaux de céréales combinés à la jachère. «L'Algérie n'a pas la vocation agricole», avait affirmé feu Hamid Aït Amara, expert en économie agricole, ayant consacré de nombreux travaux à la question de la sécurité alimentaire en Algérie. Chose confirmée par d'autres. Les ressources foncières sont limitées avec une dotation de 0,23 hectare par habitant, là ou il faut en moyenne 0,6 hectare pour nourrir la population, comme l'avait relevé la commission de la défense nationale du Sénat dans un document au lendemain de la crise alimentaire mondiale. Près de 70% des besoins caloriques algériens sont importés, la dépendance algérienne pour les céréales importées étant de 70% pour la consommation humaine et 30% pour l'alimentation animale avec un accroissement démographique continu de450 000 personnes annuellement et le morcellement des terres agricoles à travers l'héritage. Enfin, l'Algérie ne peut produire que des fruits et légumes, selon, Omar Bessaoud, enseignant-chercheur au Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes à Montpellier, pour qui la question de la sécurité alimentaire s'est toujours posée en Algérie depuis l'ère coloniale. Pour lui, l'autosuffisance alimentaire est «impossible» et la dernière loi sur le foncier agricole n'arrangera pas les choses. Dans un contexte pareil,, l'Algérie peut-elle inverser la tendance ?