Les répercussions de la faible production de blé en Algérie cette année, et l'envolée sans cesse des cours de produits alimentaires sur le marché international, commencent d'apparaître et alourdir les dépenses de l'Etat.En effet, selon le Centre national de l'informatique et statistiques la facture alimentaire de l'Algérie avait atteint 4,507 milliards (+67,91%), durant les 8 premiers mois de l'année en cours. Il faut savoir que cette facture du premier trimestre 2008 est l'équivalent de ce que l'Algérie avait dépensé durant toute l'année dernière. Par ailleurs, et en dépit d'un colossal programme national de développement de l'agriculture, l'Algérie peine à assurer sa sécurité alimentaire. Les récentes hausses des prix de la majorité des produits que forme le panier de la ménagère illustrent parfaitement cette faiblesse structurelle de l'agriculture algérienne. Au fil des ans, l'Algérie s'impose comme le principal importateur de denrées agroalimentaires du continent africain, notamment le blé. La production nationale actuelle de céréales est estimée à 40 millions de quintaux par an, alors qu'elle ne dépassait pas 10 millions de quintaux par an avant 2000. Les besoins nationaux en cette denrée sont estimés à 70 millions de quintaux par an, d'où le recours à l'importation pour assurer la sécurité alimentaire des citoyens. Cette situation s'explique par un très faible taux de couverture de la consommation par la production nationale, soit pour les céréales et dérivés, pour les légumes secs, pour le lait, pour les viandes rouges, pour les huiles brutes et pratiquement zéro pour le sucre et le café. Il faut dire que la flambée des prix des produits alimentaires sur le marché est due en grande partie, aux fortes importations de l'Algérie en blé afin de compenser le déficit de la récolte céréalière qui est passée à 2,1 millions de tonnes durant cette saison, contre 4,1 millions de tonnes au cours de la précédente récolte. En outre, la facture des céréales a plus que doublé en passant à 2,26 milliards de dollars, contre un milliard durant les sept premiers mois de 2007. La sécheresse qui a affecté la production céréalière en la réduisant de 50 %, a contraint le gouvernement à recourir davantage au marché international pour répondre à la fois à la demande, estimée entre 6 et 8 millions de tonnes par an, et assurer les prévisions afin de se garantir d'une hypothétique rupture des stocks. Cependant, cette augmentation de la facture alimentaire de l'Algérie montre que les résultats du Plan national de développement agricole n'ont pas encore porté leurs fruits en termes de réduction de la dépendance alimentaire. Nous continuons à dépendre de l'étranger pour des produits de première nécessité : les céréales, le lait et les légumes secs. Tous les spécialistes s'accordent à dire que le secteur agricole algérien souffre d'un important déficit de savoir-faire et de formation, les techniques de gestion et de culture. Entre autres, et après le feuilleton de la pomme de terre et du lait, c'est au tour du blé, dont la production cette année s'annonce mauvaise. Il faut dire cependant que le blé et ses dérivés, fortement prisés par les ménagères, demeurent des produits inscrits sur la liste des produits à large consommation subventionnés par l'Etat. Les petites bourses ne seront donc pas à l'abri de cette pénible augmentation des prix. Cependant, pour le Trésor public, la situation risque de devenir assez compliquée vu que cette baisse de production annoncée va amener l'Etat à importer encore plus de blé. Un blé qui coûte très cher et qui n'est pas toujours disponible sur les marchés mondiaux. Selon des responsables du ministère du Commerce, l'Algérie importe la moitié de sa consommation de blé tendre et dur. Pour rappel notre pays importe annuellement près de 1.5 million de tonnes de céréales, de café et de sucre. Grande importatrice de blé dur et tendre, l'Algérie achète annuellement plus de 5% de la production céréalière mondiale et devrait continuer, selon les experts, à importer d'importantes quantités en raison du faible rendement à l'hectare et aux problèmes climatiques que connaît le pays de façon irrégulière. Le manque d'eau en Afrique du Nord pendant la saison des récoltes suscite des difficultés pour la récolte de blé dur, particulièrement en Tunisie et en Algérie. Cette contre-performance aura plus de répercussions sur l'enveloppe à débourser pour importer les quantités de blé manquantes, d'autant que les prix sur les marchés mondiaux des matières premières agricoles, en premier lieu le blé, ont connu ces derniers mois des hausses vertigineuses. La hausse sans précédent des cours mondiaux des produits agricoles a mis la sécurité alimentaire des pays pauvres en menace. Il faut savoir que la flambée des cours des denrées alimentaires sur le marché international a été provoquée à la fois par de mauvaises récoltes, une augmentation de la demande en Asie, des coûts de transport en hausse, des restrictions commerciales et en matière de développement de cultures destinées aux énergies alternatives (biocarburants).En outre, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit dans le dernier rapport publié sur la croissance mondiale que le renchérissement des produits alimentaires et énergétiques, a mis certains pays dans un état très critique. Selon le rapport, les prix des matières premières, en particulier ceux des carburants et des produits alimentaires, sont montés en flèche depuis l'édition d'avril 2008 des perspectives de l'économie mondiale; aussi le FMI a-t-il révisé à la hausse ses prévisions de référence à court terme concernant les prix des matières premières. Ainsi, le cours de référence actualisé pour le pétrole est supérieur de 30 % à celui de l'édition d'avril 2008 des PEP, ce qui est conforme aux prix des contrats à terme. La hausse des matières premières produit des effets très sensibles sur l'économie mondiale. Les pressions inflationnistes se sont intensifiées partout dans le monde; le pouvoir d'achat se dégrade dans les pays importateurs de matières premières; certains pays à faible revenu et à revenu intermédiaire ont du mal à nourrir les populations les plus pauvres et risquent de perdre la stabilité macroéconomique acquise durant ces dernières années, notamment les pays de l'Afrique. D'autre part, selon l'analyse du fonds les tensions sur les prix ne vont sans doute guère s'atténuer un proche avenir. Les gouvernants, notamment dans les pays à faible revenu et à revenu intermédiaire, devront donc trouver les moyens de nourrir la population démunie sans pour autant attiser l'inflation ou épuiser les réserves de change. La solution pour le FMI consiste à encourager les producteurs à accroître l'offre et les consommateurs à adapter leur demande à la baisse. Cela dit, des mesures sociales transitoires et ciblées sont aussi nécessaires pour contribuer à diminuer les effets du hausse de l'alimentation et des carburants. En outre, un effort multilatéral s'impose pour s'attaquer à la fois aux causes et aux conséquences de la crise. Certains pays à faible revenu auront besoin du concours de la communauté internationale pour financer leurs importations et leurs dépenses sociales. D'autres auront besoin d'un accompagnement dans l'élaboration des politiques qui leur permettront de s'adapter au choc. De plus, des efforts multilatéraux sont nécessaires pour promouvoir un meilleur équilibre entre l'offre et la demande sur les marchés des matières premières, notamment en faisant en sorte que les hausses de prix suscitent des réactions plus appropriées.