Le directeur de l'éducation doit mettre de l'ordre dans cette situation, car il y va du devenir des élèves et de celui des enseignants. Le pourrissement. C'est pour le moins le terme qui caractérise le mieux la situation prévalant aujourd'hui au CEM Fadila Saâdane. En effet, après avoir déposé un préavis de grève de trois jours, 60% du corps enseignants de cet établissement observent, depuis hier, un débrayage. Ce durcissement est motivé par l'exacerbation de la tension entre le directeur de l'établissement et les enseignants, qui ont dénoncé à maintes reprises des dépassements et des cas de falsification de documents scolaires. Cause pour laquelle certains disent payer aujourd'hui le prix fort, en subissant non seulement des persécutions mais également des pénalisations injustes, telles celles afférentes à la dévaluation de la note administrative et aux ponctions sur les salaires et les primes de rendement. Décidés à aller jusqu'au bout de leur combat contre les injustices qu'ils disent supporter, ces enseignants ont quelque peu perdu confiance dans l'administration qui n'arrive pas, selon eux, à régler le problème, malgré l'intervention d'une commission d'enquête dépêchée par le ministère de l'Education, laquelle n'a pu aboutir à des résultats à la mesures des sanctions exigées à l'encontre du directeur de l'établissement. Les enseignants en question avaient, avant cela, déposé plainte auprès des services de la sûreté de l'arrondissement de Boudjenana. Sur place nous avons pu contacter le mis en cause dans cette affaire, à savoir le directeur du CEM, affaire qui défraye la chronique locale depuis l'été dernier. Face aux accusations des enseignants d'abus de pouvoir, d'agissements provocateurs, de menaces de licenciement et autres pressions, le directeur du CEM, Mohamed Latafi, rétorquera ceci: «Cette histoire est pour moi un non-événement; à chacun d'assumer ses responsabilités. Pour ma part, un rapport sur la situation au premier jour de la grève a été établi pour être remis à la direction de l'éducation, c'est aux responsables de trouver une issue à cette situation, sinon, ce sera le pourrissement.» Rencontrés sur les lieux, les enseignants grévistes, remontés suffisamment par ce conflit qui perdure et par « le silence incompréhensible de la direction de l'éducation», nous avisent qu'ils maintiendront le débrayage trois jours durant, et si rien n'est fait pour donner une issue satisfaisante à leurs revendications, leur mouvement de protestation se radicalisera et ils n'auront plus qu'à passer à une grève ouverte, d'autant plus que, selon eux, ils subissent des représailles.