Le D15 est de retour. L'Algérie envisage de rouvrir les points de transit international des marchandises. L'annonce vient du premier responsable de l'institution douanière. Invité, hier, à l'émission hebdomadaire « Questions de l'heure » de la Chaîne III de la Radio algérienne, Sid Ali Lebib, directeur général des douanes, a estimé qu'il y a « nécessité », voire « obligation » pour l'Etat algérien de « reprendre le transit international par le pays ». Cette nécessité est dictée, explique-t-il, par le fait que l'Algérie est en « accord d'association » avec l'Union européenne (UE), mais aussi par sa prochaine adhésion à l'OMC. M Lebib ne dira pas pour autant quand est-ce que ce transit reprendra. « Je pense que les institutions concernées ont réfléchi à la question », s'est-il contenté de répondre. L'arrêt définitif du transit international par l'Algérie a été décidé par les autorités du pays en 1992, suite à la découverte d'une « fraude massive », précise l'invité de la Chaîne III. Un grand scandale s'en était suivi et dans lequel étaient impliqué plusieurs douaniers. « A l'époque, il y avait deux points de transit sous le contrôle des douanes. Le premier pour l'entrée de la marchandise. L'autre pour la faire sortir. Sortir de ces deux points devient de la contrebande », indique-t-il, et d'ajouter : « Les marchandises qui devaient passer par l'Algérie et aller évoluer vers l'Afrique étaient déversées dans notre pays. C'était donc une concurrence déloyale, car les marchandises étaient admises sans le paiement des droits et des taxes douaniers. » Revenant sur la réforme de l'institution, M. Lebib se dit satisfait du travail qui se fait actuellement. Selon lui, le nouveau code des douanes va atterrir bientôt à l'APN. Aussi, il qualifiera la réorganisation des services douaniers de « nécessité ». Pour lui, doter le corps des douanes d'un nouvel organigramme permettra à cette institution de se redéployer et renforcer le contrôle. Résistances internes... M. Lebib reconnaît, cependant, que l'élan de la réforme engagée depuis 1993 a été freiné à maintes reprises et qu'il y a toujours des « résistances internes et externes » à cette réforme. Résistances qui sont menées par « des gens qui vivaient bien dans l'archaïsme de l'administration et qui ne peuvent plus évoluer dans la transparence », précise-t-il. Abordant le volet relatif à la contrebande, le premier responsable des douanes trouve que l'Algérie souffre de ce phénomène. « C'est une hémorragie constante », le qualifie-t-il, en précisant que l'ampleur de ce phénomène a été réduite depuis que l'Etat a cessé de subventionner les produits de première nécessité, comme c'était le cas du temps de la gestion socialiste. Selon lui, il y a actuellement quelques produits qui sont ciblés par les contrebandiers. Essentiellement, le carburant qui sort du pays vers le Maroc surtout et le tabac qui entre du Sud. Il estime que le tracé frontalier pose problème dans la lutte livrée à la contrebande par différents corps de sécurité. Comment ? « C'est un tracé qui offre une contiguïté à tel point que certaines familles chevauchent entre les territoires contigus notamment au niveau des frontières ouest et à un degré moindre à l'Est », indique-t-il. Selon lui, le gouvernement a signé récemment un arrêt limitant le volume de marchandises que peuvent être transportées par les individus, les commerçants et les grossistes. Cet arrêt a permis, d'après-lui, un meilleur contrôle, une bonne visibilité du mouvement des marchandises autorisées par les lois du pays. Le trafic de drogue s'est élargi. Des quantités importantes entrent des frontières ouest (fermées) pour qu'elles soient ensuite acheminées vers l'Europe. M. Lebib estime qu'il serait possible de réduire la contrebande, « n'était l'indélicatesse d'un nombre très réduit d'agents de différents services administratifs ». Selon lui, le nombre d'agents des douanes impliqués dans la contrebande est « infime mais inacceptable ». Evoquant l'importation de marchandises prohibées, notamment les pétards, M. Lebib parle d'une multitudes de complicités. Car, pour lui, il est impossible que « quelqu'un puisse investir des centaines de milliards de centimes dans ce genre d'affaires, s'il n'est pas sûr de faire entrer sa marchandise ». Il souligne que les services des douanes ont battu le record des saisies. « Plus de 50 contenaires d'une valeur de 200 milliards de centimes ont été saisis cette année », indique-t-il. Le premier douanier du pays éprouve la nécessité de renforcer les rangs de cette institution - qui compte 14 000 agents - et la doter de moyens technologiques afin de réduire l'ampleur la contrebande. Il estime également qu'il est nécessaire de revoir les salaires des douaniers, notamment les régimes indemnitaires.