Il s'agit des barons de l'import-export, de certains syndicalistes et des partisans d'une administration bureaucratique. La réforme douanière ne traîne pas la patte, elle fait plutôt face à une résistance qui veut que le processus n'intervienne pas d'une manière accélérée, explique Sid-Ali Lebib, directeur général des douanes, invité de la Chaîne II de la radio algérienne. Le mot résistance est lâché, laissant planer plusieurs interrogations sur la nature de cette opposition. Toutefois, le patron de l'appareil douanier expliquera son point de vue pour ne céder aucun terrain aux «fausses interprétations» et aux situations incertaines. Il révèlera que cette résistance ne vient pas d'un seul centre d'intérêt mais de plusieurs. Immédiatement, l'administration est pointée du doigt, mettant en exergue des comportements bureaucratiques qui se sont enracinés. Chose qui, aux yeux de Sid-Ali Lebib, n'arrangeant pas le processus de modernisation, va à contre-courant de la volonté de refonte. La réforme de la législation douanière, intervenue progressivement depuis l'année 1991 par la mise en oeuvre d'un programme de modernisation et la généralisation de l'informatisation de la gestion des activités douanières, se trouve ainsi soumise aux habitudes et pratiques bureaucratiques et archaïques qui «se sont installées dans l'administration algérienne». Sid-Ali Lebib ne mâche pas ses mots à l'adresse de certains syndicalistes qu'il qualifie de résistance «de second degré», mais «maîtrisable». Néanmoins, pour dépassionner le débat, suffisamment nourri, ces derniers jours, par une manifestation syndicale persistante, le DG des douanes préfère appeler un chat par son nom. Explications : il laissa entendre que la résistance syndicale qui s'oppose au processus de refonte ne vient pas des organisations syndicales, mais plutôt de certains éléments qui se réclament syndicalistes. «Nous avons une résistance qui tire sa source de certains syndicalistes, car l'Ugta est en bonne place», a-t-il déclaré. Interrogé sur la protestation syndicale au sein de son secteur, l'invité de la Chaîne II contestera, sans détours ni faux-fuyants, le fait qu'il existe une contestation au sein de l'appareil douanier. «L'activité syndicale est régie par une loi et un protocole d'accord signé avec les syndicats», fera-t-il savoir. Et d'ajouter que le problème des salaires est du ressort exclusif de la tripartite. La récurrente affaire Badaoui, syndicaliste limogé récemment, perçu comme sujet qui fâche depuis quelque temps au sein de l'instance de Sid-Ali Lebib, est un dossier définitivement clos, à en croire l'invité de l'émission «Face à la presse». S'expliquant davantage, Sid-Ali Lebib dira que «le secrétaire général du syndicat n'a pas été licencié pour une action syndicale, mais il s'agit bel et bien d'une sanction administrative». Le premier responsable de l'institution douanière revient encore sur cette affaire, il affirme qu'avant qu'il soit syndicaliste, Badaoui est déjà un douanier. Cela dit, «le douanier est soumis à une réglementation qu'il doit respecter, sinon la sanction s'impose». C'est, en deux mots, le dossier Badaoui, revisité et mis au clair derechef par son premier responsable. Pour revenir à la résistance qui, d'après l'invité de la Chaîne II, s'érige comme obstacle freinant le processus de réforme et de modernisation, M.Lebib développe sa thèse pour arriver à une autre forme de résistance, selon lui, la «plus dangereuse». Il s'agit des «gens qui se sont enrichis rapidement sur le dos de la douane algérienne». Une sentence qui explique sans doute des difficultés et des insuffisances d'un appareil appelé à faire nécessairement sa métamorphose. La réforme des entreprises publiques, des banques et l'ouverture totale du commerce extérieur, intervenue par décret exécutif du 13 février 1991, l'adhésion de l'Algérie aux conventions douanières internationales, ont permis à la douane de reprendre ses missions. Par ailleurs, le maillon fort de cette refonte, consiste à se débarrasser de cette résistance, à commencer par les barons de l'import-export et à lutter contre la corruption. Le nouveau code des douanes, appelé à être un véritable coup d'accélérateur à cette mission, qualifiée par Sid-Ali Lebib de l'alpha et l'oméga du processus de réforme, est entre les mains du FMI (Fonds monétaire international), fera savoir le patron des douanes. Il sera ensuite, a fortiori, soumis au gouvernement avant sa mise en marche.