L'affaire Mohamed Gharbi n'est pas une affaire de justice, c'est un cas de conscience Telle fut la sentence de Abdelkrim Hassani, trois jours avant son décès. Je l'ai senti très affaibli et pourtant, il avait choisi d'être présent au rassemblement citoyen devant l'institution de Farouk Ksentini, président de la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme (CNCPPDH), pour exiger la libération de Mohamed Gharbi, un moudjahid et un patriote comme lui. Il avait une grande confiance en la jeunesse, il ne ratait aucune occasion de le dire haut et fort. Que ce soit lors d'une rencontre de solidarité avec le mouvement citoyen de Kabylie où, ce jour-là, les jeunes présents le lui ont bien rendu. Ils buvaient littéralement ses paroles, malgré sa voix tremblante, il s'en dégageait une telle force que seul le silence assourdissant dérangeait les vérités qu'il assénait : «Ce n'est pas normal qu'un pays si riche produise tant de pauvreté. Ce n'est pas normal qu'un peuple qui a tant sacrifié soit interdit de parole. Ce n'est pas normal qu'un homme qui a tant donné pour libérer son pays et défendre la République soit livré sur l'autel d'un compromis avec les pires ennemis de la nation.» Quelle vie exemplaire, quel courage et surtout quel beau départ. Le départ d'un homme debout, d'un militant sincère. C'est le rêve de tout militant de partir en laissant une telle image dans son entourage.