En dépit des averses qui ont caractérisé la matinée d'hier, les familles des disparus, affiliées aux Cfda et SOS Disparus, ont organisé un rassemblement devant la Commission nationale consultative pour la défense et la protection des droits de l'Homme, une institution dirigée par Farouk Ksentini. C'est une action qui se veut une manière de marquer, dans le calme, la Journée mondiale des droits de l'homme, mais surtout pour relancer la mobilisation des familles des disparus après, notamment, la dernière sortie de Farouk Ksentini, président du mécanisme ad hoc, institué pour trouver une solution au casse-tête des disparitions. Les familles ont décidé de ne pas se taire quant aux dernières «allégations» de Farouk Ksentini, annonçant, jeudi, sur les ondes de la Chaîne I, l'existence de près de 3000 faux disparus. Fatima Yous, présidente de SOS Disparus, a qualifié les déclarations de Farouk Ksentini de contradictoires. Elle rappellera qu'il y a quelques jours, le président de la Cncppdh «a affirmé que les 6146 disparitions sont du fait des agents de l'Etat». Or, renchérit Mme Yous, «il ne peut pas y avoir de faux disparus». Dans le cas contraire, «je défie Ksentini de donner les noms des faux disparus», a-t-elle ajouté. Après la polémique, il faut que maintenant les esprits s'apaisent, suggère notre interlocutrice. Mais comment justement? Elle ne s'attarde pas à donner son point de vue, «par l'annonce de la vérité aux familles de tous les disparus». Selon elle, l'option des indemnisations, proposée par le mécanisme ad hoc «ne tient pas la route». D'après Fatima Yous, le règlement de la question doit passer par le canal de la justice. C'est ce qu'a suggéré également Farouk Ksentini pour les familles qui ne croient pas aux indemnisations. Lors de la même occasion, le président de la Cncppdh a invité les familles opposées à la solution des indemnisations à saisir la justice qui, d'après lui, statuera sur tous les dossiers, après ouverture d'enquêtes. La couleur a été annoncée aussi par les femmes qui scandaient sans cesse des slogans contraires à la proposition du président de la Commission nationale consultative pour la défense et la protection des droits de l'Homme. «Nous exigeons la vérité non pas l'argent», a-t-on laissé entendre, rejetant ainsi «toute solution matérielle» allant dans le sens de juguler le problème. Les familles des disparus, soutenues par des représentants de partis politiques à l'instar du FFS, ne comptent pas baisser les bras, à en croire les protestataires. Pour faire entendre leurs voix, les familles des disparus s'apprêtent à aller se plaindre auprès des ambassadeurs des pays étrangers présents à Alger. Ce n'est pas tout, les organisations des familles des disparus et certains représentants de la société civile feront désormais cause commune. Le débat sur l'affaire des disparus, née des années de sang, s'annonce chaud pour les jours à venir. Farouk Ksentini affirme que l'année 2006 sera consacrée au règlement de cette question dans le cadre de la réconciliation nationale.