En Algérie, contrairement à ce que l'on croit, il n'y pas uniquement que les intoxications alimentaires qui menacent la santé publique. Les intoxications par ingestion de pesticides font également des ravages à travers tout le pays. Preuve en est, rien qu'à Oran, les services des urgences médicales enregistrent plus de 200 cas d'intoxications par an par ingestion d'insecticides en milieu domestique, a révélé dimanche le professeur Baghdad Rezkallah, directeur du laboratoire de recherche sur la santé et l'environnement de l'université d'Oran, en marge des journées scientifiques sur le thème "Santé, travail et environnement" organisées dimanche à Oran. Phénomène encore plus inquiétant, les pesticides sont souvent utilisés dans les cas de tentatives de suicide, soulignent des experts qui tirent à ce propos la sonnette d'alarme. Les spécialistes de la toxicologie réclament aujourd'hui la mise en place d'une campagne de sensibilisation nationale pour alerter l'opinion publique sur les dangers de l'utilisation maladroite des pesticides. Cette action de sensibilisation représente désormais une véritable urgence surtout lorsqu'on sait que les empoisonnements par insecticides ou pesticides occupent la deuxième place en Algérie après les intoxications médicamenteuses. Des médecins déplorent, d'ailleurs, à ce sujet "l'absence d'un système de contrôle et de sensibilisation, ce qui empêche la mise en place de mécanismes efficaces pour faire face à de tels risques dans les milieux domestiques". Parlant d'un terrible "fléau qui menace la santé publique", ces spécialistes n'ont pas manqué aussi de dénoncer la vente massive au marché parallèle des insecticides, ces produits toxiques qui sont censés être encadrés par "des mesures d'encadrement et de prévention contre les risques d'usage de ces produits". Et en attendant un sursaut de nos autorités qui peinent encore à prendre des mesures sérieuses pour contrer ce fléau, les médecins font de leur mieux pour prendre en charge la majorité des cas d'intoxication qui concernent, soulignons-le, les enfants. Malheureusement, ces derniers, à un moment ou un autre, ont eu accès à ces matières dangeureuses pour la santé humaine, car laissées dans des endroits non sécurisés et à leur portée.