Le choix du pays organisateur de la Coupe du monde est la prérogative exclusive du comité exécutif de la FIFA. Ce dernier, composé de 24 membres représentant l'ensemble des Confédérations, est scindé en 4 niveaux. Au sommet de la pyramide, il y a le président Joseph S. Blatter. Un cran au-dessous, l'Argentin Grondona trône tout seul avec le titre de vice-président senior. Au 3e niveau, on retrouve le président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou, en compagnie de 3 Européens, Michel Platini (président de l'UEFA), l'Espagnol Angel Maria Villar Llona et l'Anglais Geoffrey Thomson. Chung Mong Joon (Corée du Sud), Jack Warner (Trinité et Tobago) et Reynaki Tamarii complètent ce collège. Ce sont ces 9 hommes qui impriment le rythme des décisions et le choix du comité exécutif. La présence de 4 Européens (Blatter, Platini, Villar et Thompson) est un gage pour leur continent. Grondona a de l'autorité, mais il est souvent isolé par le quatuor dans les questions qui touchent aux intérêts de l'Europe. L'Africain Issa Hayatou a une marge de manœuvre réduite par rapport à celle de ses collègues qui peuvent compter, lorsqu'il le faut. Sur les «services» du très contesté Jack Warner (Trinité et Tobago) qui a fait basculer, par sa voix, le choix du pays organisateur de la Coupe du monde 2006. Le jour du vote, il s'est enfui chez lui en laissant une bombe au sein du comité exécutif. Les Sud-Africains n'avaient pas apprécié ce dribble commandité en haut lieu. Ils avaient fait savoir à Blatter qu'ils allaient saisir la justice pour démasquer le complot et les dessous (sonnants et trébuchants) de cette affaire. Le président de la FIFA a usé de tous ses pouvoirs pour que l'Afrique du Sud ne fasse rien avec promesse que la Coupe du monde 2010 aura lieu au pays de Nelson Mandela. Jeudi 2 décembre, le comité exécutif lèvera le voile sur les deux pays organisateurs du Mondial 2018 et celui de 2022 à l'issue d'un vote à bulletin secret. Il est utile de rappeler que les membres de cet organe directement concernés par l'opération de vote pour l'organisation de la compétition en 2018, à savoir Villar (Espagne), Thompson (Angleterre), D'Hooge (Belgique), Vitaly Mutko (Russie) ne voteront pas au même titre que Amos Adamu (Nigeria) et Temarii (Tahiti) qui sont suspendus. Il y aura 18 votants et l'Angleterre devrait gagner le scrutin devant le couple Espagne-Portugal. Pour l'édition 2022, les Etats-Unis sont donnés grands favoris devant l'Australie, la Corée du Sud, le Japon et le Qatar. Ce dernier est assuré d'obtenir une voix, sur 18, celle de l'Egyptien Hany Abou Rida qui votera Qatar. Les autres voix susceptibles de tomber dans l'escarcelle de ce pays sont celles de Issa Hayatou (Cameroun) et Jacques Anouma (Côte-d'Ivoire). Au-delà de ces trois membres, il est difficile d'imaginer que d'autres membres du comité exécutif se prononceront en faveur de la candidature du Qatar. Des analystes prédisent à Qatar le même sort que le comité exécutif de la FIFA a réservé à la candidature marocaine pour la Coupe du monde 2010. En acceptant que des pays se mettent d'accord pour choisir l'édition qu'ils veulent organiser, la FIFA s'est rendu coupable d'une grave entorse aux principes et règlements qui régissent son activité. A partir de là, le vote de jeudi est anecdotique. L'Angleterre (2018) et les Etats-Unis (2022) sont les tickets gagnants. La seule incertitude qui entoure ces deux scrutins est l'écart des voix qui séparera ces deux pays avec leurs (malheureux) lièvres.