A quelques heures de la date limite, l'ancien Premier ministre ivoirien, Alassane Ouattara, a appelé hier la commission électorale à proclamer «immédiatement» les résultats provisoires du second tour de la présidentielle de dimanche qui l'opposait au sortant Laurent Gbagbo. Le pays, où le couvre-feu qui devait s'achever hier a été prolongé jusqu'à dimanche, était plongé dans l'incertitude, alors que les résultats provisoires, qui devaient légalement être annoncés hier avant minuit (locales et GMT), n'étaient toujours pas publiés dans l'après-midi. Le camp Gbagbo réclame l'annulation du vote «frauduleux» dans le Nord tenu par l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) depuis le coup d'Etat manqué de septembre 2002. En plein blocage de la Commission électorale indépendante (CEI), M. Ouattara a jugé «impératif» que son président Youssouf Bakayoko «proclame immédiatement les résultats provisoires», dans une déclaration faite à Abidjan. Se disant «inquiet», l'opposant a exhorté son «frère Laurent Gbagbo» à respecter l'appel qu'ils avaient signé ensemble la veille du vote, et dans lequel ils s'engageaient à se plier au verdict des urnes. Mardi, une altercation était venue illustrer, devant les caméras du monde entier, l'ampleur des tensions en son sein. Au moment où son porte-parole, Bamba Yacouba, allait annoncer les premières indications chiffrées, deux membres de la CEI pro-Gbagbo lui avaient arraché des mains les feuilles des résultats de différentes régions, au motif que ces données n'avaient pas été validées selon les règles, ce que Bamba Yacouba a contesté. Un porte-parole de l'ex-Premier ministre, Alassane Ouattara, Albert Mabri Toikeusse, a accusé le président Gbagbo d'être «dans une logique de confiscation du pouvoir», en tentant d'«empêcher» l'annonce des résultats. Le camp Gbagbo ne cherche «aucunement» à «confisquer le pouvoir», mais «se battra» contre «toute logique d'usurpation du pouvoir», a rétorqué le porte-parole du président-candidat, l'ancien Premier ministre, Pascal Affi N'Guessan. La communauté internationale suivait avec attention cette situation tendue. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a exhorté la commission électorale de la Côte d'Ivoire à annoncer les résultats provisoires du second tour, tout comme le président français, Nicolas Sarkozy, qui juge «essentiel» d'annoncer les résultats «dans le délai prévu, c'est-à-dire avant ce soir». La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a demandé que la «volonté du peuple ivoirien soit entièrement respectée» et l'Union africaine a appelé au respect du «verdict des urnes».