Les hauts responsables des forces de défense et de sécurité de Côte d'Ivoire ont fait allégeance à Laurent Gbagbo après sa victoire annoncée par le Conseil constitutionnel mais contestée par l'ONU. Selon un communiqué du protocole d'Etat diffusé sur les antennes de la télévision nationale vendredi nuit, le candidat Laurent Gbagbo proclamé vainqueur de l'élection présidentielle par le Conseil constitutionnel sera investi à 12H00, heure locale, au Palais présidentiel d'Abidjan. "Nous sommes venus lui dire notre disponibilité et notre fidélité et que nous sommes prêts à accomplir toutes les misions qu'il nous confiera", a déclaré le chef d'état-major des forces armées ivoiriennes, le général Philippe Mangou, entouré des hauts responsables de la police, de la gendarmerie, des Douanes et des Eaux et forêts vendredi en la résidence du président Laurent Gbagbo. Laurent Gbagbo a été proclamé vainqueur de l'élection présidentielle par 51,45% des voix après annulation du vote de neuf départements favorables à Alassane Ouattara arrivé en tête du scrutin selon les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) confirmés par le représentant des Nations Unies à Abidjan, "certificateur" des élections ivoiriennes. Le Premier ministre Guillaume Soro, chef de l'ex-rébellion qui contrôle la moitié nord du pays, a noté "avec regret" l'annulation des votes de "plusieurs centaines de milliers" d'Ivoiriens des régions du nord et du centre du pays. Cette décision du Conseil constitutionnel "porte gravement atteinte aux idéaux de réunification du territoire, de restauration de l'autorité de l'état sur l'ensemble du territoire national, de réconciliation nationale vraie entre tous les Ivoiriens et de paix durable", a-t-il déclaré dans un communiqué parvenu samedi à l'agence Xinhua. Goodluck Jonathan, chef d'Etat nigérian et président de la Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), a appelé l'ensemble des partis présentant des candidats à l'élection présidentielle ivoirienne à respecter le résultat annoncé par la Commission électorale indépendante, selon lequel l'ancien Premier ministre, Alassane Ouattara, est sorti vainqueur de la course à la présidence. M. Jonathan a également appelé à l'application totale du verdict de la population rendu public par la commission. La Commission électorale indépendante a publié jeudi les résultats provisoires indiquant que M. Outattara a remporté l'élection. Néanmoins, le Conseil constitutionnel a immédiatement annoncé que les résultats étaient invalides et déclaré M. Gbago vainqueur du scrutin. La commission électorale a crédité son rival Alassane Outtara de 54,1% des voix exprimées au second tour de la présidentielle, mais le Conseil constitutionnel, invoquant des fraudes dans le Nord, a invalidé des milliers de bulletins et proclamé vendredi la victoire du chef de l'Etat sortant. Des coups de feu ont été signalés après la tombée de la nuit dans plusieurs quartiers d'Abidjan et à Port-Bouât, près de l'aéroport. Des manifestants ont par ailleurs dressé des barricades et mis le feu à des tas de pneus dans la capitale économique, mais aucune manifestation d'envergure n'a eu lieu. En visite en Inde, Nicolas Sarkozy a appelé au respect de l'élection, selon lui, "incontestable" de Ouattara. "Il y a un président élu en Côte d'Ivoire. L'ensemble de la communauté internationale et les Nations Unies l'ont reconnu. Ce président c'est Alassane Ouattara", a-t-il déclaré lors d'une visite en Inde. Le secrétaire général de l'Onu Ban Ki-moon et le président américain Barack Obama ont également salué la victoire de Ouattara, récusant ainsi la décision du Conseil constitutionnel. Le Conseil de sécurité des Nations unies n'est en revanche pas parvenu vendredi soir à s'entendre sur une déclaration reconnaissant Ouattara comme vainqueur, cela en raison d'objections de la Russie, ont fait savoir des diplomates en poste à l'Onu.