La Côte d'Ivoire est en pleine ébullition. Le Conseil constitutionnel pourrait proclamer la victoire du sortant Laurent Gbagbo à la présidentielle. Pourtant, Alassane Ouattara revendique une victoire annoncée par la commission électoraleDimanche 28 novembre, les Ivoiriens votent pour le second tour de la présidentielle. Ces dernières mettaient aux prises le président sortant Laurent Gbagbo et l'ancien Premier ministre Alassane Ouattara. Les résultats définitifs n'étant pas encore proclamés que le duel tourne au bras de fer politico-juridique entre les deux candidats. Et le Conseil constitutionnel pourrait proclamer incessamment la victoire du sortant Laurent Gbagbo à la présidentielle de Côte d'Ivoire, virtuellement remportée par Alassane Ouattara, selon la commission électorale. Sous couvre-feu, le pays est en partie coupé du monde après la décision de l'armée de fermer les frontières et la suspension de la diffusion des médias étrangers dont les très suivies France 24, et Radio France Internationale (RFI). Néanmoins, la partition de la Côte d'Ivoire depuis le putsch raté de septembre 2002 complique la tâche à l'armée qui ne contrôle que le Sud. A Bouaké, fief de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) qui tient la partie nord, on échappe à la décision de l'armée. Après des jours d'expectative au lendemain d'un incident qui a fait huit morts dans une permanence du parti d'Alassane Ouattara dans un quartier d'Abidjan, le calme commençait à revenir. Un calme précaire. Dans le bastion de Ouattara, la tension est à son comble. Tout a commencé jeudi lorsque, à la surprise générale et promptement, le président de la Commission électorale indépendante (CEI) Youssouf Bakayoko annonce la victoire de l'ex-Premier ministre avec 54,1% des suffrages, contre 45,9% pour Laurent Gbagbo. Branle-bas de combat. Le président du Conseil constitutionnel, Paul Yao N'dré, un proche du chef de l'Etat, juge que ces résultats provisoires n'étaient pas valables, le délai légal d'annonce étant loin d'avoir expiré. Les résultats définitifs seront proclamés dans «les heures qui suivent», a promis Yao N'dré pour qui la victoire ne saurait échapper à Gbagbo. Sauf surprise, les résultats devraient satisfaire la demande du camp de Laurent Gbagbo (au pouvoir depuis dix ans.) Et pour ce faire, il s'agirait d'invalider des votes jugés frauduleux dans le Nord sous contrôle FN. Le chef de l'Etat pourrait alors être rapidement investi dans une ambiance de soufre. Quelle serait la réaction du camp de Alassane Ouattara, qui a appelé son rival à respecter le verdict des urnes ? Une explosion de violence menace le pays déjà le théâtre d'une série d'affrontements sanglants. Alors que la crise se durcissait, le Premier ministre Guillaume Soro demande à l'ONU de se prononcer. En attendant le résultat définitif, la Côte d'Ivoire semble en ballottage. «Un pays, deux présidents bientôt ?», s'est interrogé hier le journal privé L'Inter. M. B.