Le président de la commission électorale ivoirienne a annoncé, hier, la victoire de l'opposant Alassane Ouattara, qui a remporté le second tour avec plus de 54% des voix contre environ 46% pour Laurent Gbagbo . Dès l'annonce de la victoire de Ouattara, des manifestations spontanées se sont produites à Abidjan. Aucun incident n'est pour l'heure à déplorer. Une délivrance. Car, jusqu'à hier après-midi, la Côte d'Ivoire ignorait toujours le nom de son futur chef de l'Etat malgré le délai fixé pour la proclamation des résultats définitifs. La Côte d'Ivoire a connu de graves incidents qui ont fait huit mort dans le camp d'Alassane Ouattara tués lors d'une attaque dans un bureau local à Abidjan. En représailles, des hommes armés ont investi le bureau du Rassemblement des républicains (RDR) dans le quartier populaire de Yopougon, fief du président-candidat Laurent Gbagbo pour qui une cinquantaine de partisans de M. Ouattara étaient toujours à l'intérieur, attendant l'annonce des résultats du scrutin, qui n'ont finalement pas été publiés. Le sol du bureau était maculé de sang et des impacts de balles étaient visibles sur les murs, une quinzaine de personnes ont été blessées, selon une source hospitalière, dont plusieurs par balles. «Les gendarmes sont venus et ont ouvert le feu pendant un bon moment, tuant quatre personnes et en blessant plus d'une douzaine», a déclaré Issouf Diomandé, un représentant du parti RDR de Ouattara, rapporte Reuters. Il n'y a eu aucune confirmation indépendante que les gendarmes étaient derrière l'attaque. L'ONU exige une publication sans délai des résultats Les appels dans le monde se sont multipliés pour que les résultats du second tour de l'élection présidentielle soient rapidement connus de l'opinion publique. Peu après minuit, le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, a réclamé la publication «sans plus de délai» des résultats. Plus tôt dans la journée, le président français, Nicolas Sarkozy, et la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, avaient appelé au respect des délais. La France entretient des liens étroits militaires et économiques avec son ancienne colonie, ce qui expliquerait cette intervention. La ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, a même déclaré que les forces françaises seraient en mesure d'agir si des ressortissants français ou leurs intérêts seraient touchés par les troubles ivoiriens. Un affrontement qui empêcherait l'élection d'un président. Les partisans du président sortant, Laurent Gbagbo, empêchent les résultats d'être publiés, prétextant une fraude dans le Nord, où M. Ouattara est populaire, ce qui a poussé le porte-parole de M. Gbagbo à déclarer qu'ils feraient appel devant la Cour constitutionnelle afin d'annuler les résultats de certaines régions du nord. L'ex-Premier ministre Ouattara, dont le camp affichait sa sérénité ces derniers jours, avait jugé, dans l'après-midi d'hier, qu'il est «impératif» que le président de la commission électorale ivoirienne «proclame immédiatement les résultats provisoires», dans une déclaration faite à Abidjan. Se disant «inquiet», l'opposant a exhorté son «frère Laurent Gbagbo» à respecter l'appel qu'ils avaient signé ensemble la veille du vote et dans lequel ils s'engageaient à se plier au verdict des urnes. Reporté depuis 2005, cette élection est destinée à clore une crise politico-militaire qui fragilise le pays qui a connu une décennie de troubles et de divions entre nord et sud et Islam et Christianisme.