La Côte d'Ivoire a connu de nouvelles violences et des affrontements meurtriers entre les forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo et les partisans d'Alassane Ouattara, faisant des morts. Les violentes manifestations de jeudi ont fait au moins 20 morts à Abidjan, dix manifestants et dix membres des forces de l'ordre, selon une porte-parole du président sortant, dont la réélection le 28 novembre proclamée par le Conseil constitutionnel. Le gouvernement mis en place par Alassane Ouattara, déclaré vainqueur de la présidentielle par la Commission électorale indépendante, a indiqué pour sa part que les forces de sécurité loyales à Laurent Gbagbo avaient tué 14 manifestants qui marchaient sur le siège de la Radio-télévision ivoirienne (RTI). Les partisans d'Alassane Ouattara ont annoncé qu'ils poursuivraient leurs manifestations, hier, pour forcer Laurent Gbagbo à céder le pouvoir. «Nous continuerons à défiler. Demain (hier ndlr), nous essaierons de nouveau de nous rendre à la RTI», a déclaré jeudi soir un porte-parole de l'équipe Ouattara, Patrick Achi. Les rues d'Abidjan étaient plus calmes qu'à l'accoutumée hier matin. De nombreux commerces sont restés hier fermés et la circulation était fluide. L'échec des partisans d'Alassane Ouattara jeudi semble montrer que Laurent Gbagbo a obtenu le soutien de l'armée populaire ivoirienne. Les violences de jeudi sont les plus graves depuis que le pays a basculé dans une situation de blocage politique, les deux candidats du second tour se considérant comme élu. L'Onu, les Etats-Unis, les Etats africains et la France ont reconnu la victoire d'Alassane Ouattara mais Laurent Gbagbo et le Conseil constitutionnel la contestent en faisant état d'une fraude électorale massive dans le nord du pays. Une délégation de l'Union africaine emmenée par Jean Ping, le président de la Commission africaine, devait discuter avec les deux camps hier à Abidjan. L'UA a cependant fait savoir qu'elle ne croyait guère en un accord de partage de pouvoir qui permettrait de sortir la Côte d'Ivoire de cette crise.