Hier, Mohamed Gharbi a été gracié par le Président. Il n'est pas libéré mais libérable ; sa peine a été réduite à 20 ans et comme il en a déjà fait 10, on lui a «suggéré» de demander une liberté conditionnelle, qui sera acceptée par le ministère de la Justice. C'est donc une immense victoire pour lui, sa famille et le premier comité pour sa libération, LMG, qui s'est autosaisi de ce drame en drainant d'autres groupes. Dans les prochains jours, Mohamed Gharbi, malade, sera donc dehors et un grand cas d'injustice sera réglé. Cela étant dit, la générosité présidentielle en est-elle vraiment une ? Au delà du jugement absurde – peine capitale – ce n'est pas une grâce amnistiante mais un retour au premier verdict où Mohamed Gharbi avait été condamné à 20 ans de prison. Cette façon de se déjuger sans le faire, trouvant une astuce juridique pour en finir avec un cas qui a empoisonné les hautes sphères, coupables de capitulation, révèle l'art du régime dans la demi-mesure. Mohamed Gharbi n'est pas amnistié mais il sera libre. Le Président ne remet pas en cause la justice, mais revient à son premier verdict. La réconciliation nationale, qui a surtout permis aux terroristes de s'en sortir la tête haute, avait oublié dans son énoncé l'autre côté de la guerre. Justice vient d'être faite, à la veille de la grâce de Gharbi : la décision vient d'être prise d'intégrer les patriotes et les GLD dans l'armée et la garde communale, ce qui signera enfin, à ce point précis de l'histoire, la véritable fin d'une guerre. Si déjà, certains analystes parlent d'un rééquilibrage au pouvoir, reste l'homme qui a fait douter, Gharbi, qui, d'une peine de mort, affrontera maintenant une peine à vivre. Assassin gracié pour les uns, héros et véritable homme d'honneur pour les autres, il devra regarder en face tout le monde, amis et ennemis. On lui souhaite tout le courage du monde.