Les appels lancés régulièrement par voie de presse, dénonçant le phénomène, ont été très peu pris au sérieux par les services concernés. La petite Wiam Meslem, 10 ans, a été férocement attaquée par une meute de chiens mercredi dernier à 7h 30, alors qu'elle venait d'accompagner son petit frère de 7 ans à l'école. Elle a été littéralement déchiquetée par une dizaine de chiens errants. Elle arrive à peine à relater les moments épouvantables et interminables qu'elle a vécus quand elle s'est retrouvée, toute frêle qu'elle est, entre les crocs d'une dizaine de chiens affamés. Cela s'est passé dans un bidonville de la cité Belhadj (Zouaghi), où elle habite avec ses parents. Si aujourd'hui elle est encore en vie, c'est grâce à un homme qui passait sur les lieux; son père, ému, raconte: «L'homme a dû lutter contre ces bêtes affamées pour leur arracher ma petite fille; il a d'ailleurs été mordu lui-même, car les chiens ne voulaient pas lâcher prise. Les médecins d'une clinique privée lui ont donné les premiers soins et m'ont aidé à l'évacuer à l'hôpital.» Arrivée aux urgences pédiatriques du CHU Benbadis, elle sera prise en charge par le service de déchoquage. En premier lieu, il lui sera administré le vaccin antirabique. Le plus gros reste à venir, car la fillette est méconnaissable. Son corps entier n'est que plaies béantes. Son chirurgien nous fera part de son état en ces termes: «Elle a été prise en charge par toute une équipe: orthopédie, neurochirurgie, viscéral, ORL et infectieux. Elle présente un scalp étendu, et c'est le plus grave, avec des morsures profondes sur tout le corps, sans exception; même ses oreilles ont été touchées.» Les autorités absentes Et le même chirurgien d'ajouter: «La première étape sera très longue, et le plus difficile reste à venir quand on lui fera une greffe de la peau pour remplacer le cuir chevelu. Et je ne sais pas encore comment on fera pour les cheveux, peut-être qu'il faudrait envisager une prise en charge à Alger, voire à l'étranger; si elle était restée encore quelques minutes entre les pattes de ces chiens, elle n'aurait pas survécu; elle en a pour longtemps à l'hôpital.» La fillette est en état de choc. Son père, au moins aussi choqué qu'elle, dit qu'il va déposer plainte contre l'APC. Un ami de la famille nous dit, dans ce sens: «C'est scandaleux, les autorités sont absentes; la brigade a exigé de nous le nom du propriétaire des chiens alors que c'est une meute errante; il n'y a aucune sécurité, les gardiens des parkings et des villas en construction élèvent des chiens puis les abandonnent. Le responsable de la police judiciaire qui a été mis au courant du drame, a promis de transmettre à qui de droit et même de venir voir la petite, et il n'a rien fait.» Les services de la commune ont effectué des abattages aussi parcimonieux qu'inefficients, en dépit des appels réguliers lancés par la presse sur le danger des chiens errants qui infestent tous les quartiers, empêchant même les fidèles de se rendre à la mosquée pour la prière du Fedjr. Les conséquences du laxisme sont là.