A M'Cisna, comme partout dans la région d'Ath Aïdel, une règle tacitement reconduite veut que le coup de starter de l'olivaison ne soit donné qu'à l'avènement de «Lyali». La campagne oléicole version 2010-2011 s'annonce sous de bons présages dans la région de M'Cisna où la récolte vient à peine d'être entamée dans certaines localités. Dans cette circonscription rurale qui recèle un parc oléicole consistant, dominé par la variété Azeradj, le constat est le même : une fructification exubérante et une très faible affectation des baies par la mouche à olive, le ravageur tant redouté par les oléiculteurs. Les prévisions sont d'autant plus optimistes que l'humidité est au rendez-vous, contribuant à revigorer les vergers oléicoles, quelque peu éprouvés par de longs mois de stress hydrique. «Les précipitations atmosphériques sont arrivées à point nommé, c'est-à-dire à une période charnière de l'année. Mais les olives vont encore gagner en grosseur et receler une forte concentration en huile, synonyme d'un bon rendement», nous explique un exploitant du village Ighil Imoula. «Dans la filière oléicole, comme dans les autres secteurs, il y a des périodes de vaches maigres et des périodes de vaches grasses. Il y a aussi l'aléa climatique avec lequel il faut apprendre à composer», ajoute-t-il, un tantinet flegmatique. A M'Cisna, comme partout dans la région d'Ath Aïdel, une règle tacitement reconduite veut que le coup de starter de l'olivaison ne soit donné qu'à l'avènement de Lyali, une période du calendrier agricole coïncidant avec la fin du mois de décembre. Cependant, certains exploitants ont déjà engrangé leurs premiers sacs d'olives en investissant leurs oliveraies avec quelques semaines d'avance sur le calendrier. «Croyez-moi, ce n'est pas de gaîté de cœur que j'ai entamé la récolte prématurément, car je sais pertinemment que je perds aussi bien en quantité qu'en qualité, l'oléagineux n'étant pas encore arrivé à maturité», nous dira un paysan de Sidi Saïd, situé à quelques encablures du chef-lieu communal. «Engranger sa récolte le plus vite possible présente, néanmoins, un double avantage. Celui d'échapper aux rigueurs de l'hiver et couper l'herbe sous le pied des chapardeurs qui font chaque année beaucoup de victimes», enchaîne-t-il. Nombre de propriétaires de vergers oléicoles de cette région, caractérisée par la topographie accidentée de son relief, nous disent être confrontés aux difficultés d'accès à leurs vergers, en raison de l'insuffisance des pistes agricoles. «Ici, la plupart des gens acquièrent une monture, quitte à la revendre après la campagne oléicole, car en plus du problème des pistes, il y a des vergers très pentus et cela interdit toute mécanisation», nous dira Idir, un sexagénaire du village Amagaz. D'aucuns enfin, mettent à l'index les mauvaises pratiques de récolte telles que le gaulage qui, selon eux, hypothèque sérieusement toute possibilité de régénération des jeunes pousses et, partant, plombe les perspectives de développement de la filière.