Dans cet entretien, le premier responsable du secteur de l'hydraulique dans la wilaya d'Alger revient sur les différents projets d'assainissement et d'AEP lancés par son administration, tout en précisant que le pari de mettre un terme aux rejets des eaux usées en mer sera tenu d'ici trois ans. Le directeur de l'hydraulique atteste que les habitants de la capitale auront en permanence de l'eau dans les robinets d'ici trois ans également. Cela s'explique, a-t-il dit, grâce à l'apport des stations de dessalement des eaux de mer ainsi que des eaux souterraines. De grands chantiers hydrauliques ont été lancés au niveau d'Alger. Peut-on avoir plus de détails ? Tout d'abord, je tiens à vous préciser que la capitale est dotée d'un réseau d'assainissement de 3000 km, de 30 stations de relevage ainsi que de 3 grandes stations d'épuration en cours de réalisation. La station d'épuration de Staouéli est, quant à elle, en cours d'exploitation. Le volume d'eaux usées rejeté quotidiennement à la mer est estimé à 400 000 m3, ce qui représente annuellement quelque 200 millions de mètres cubes. Une quantité astronomique mais qui sera, d'ici trois ans, récupérée et injectée dans l'irrigation. Nous allons respecter la convention de Barcelone qui prévoit que, d'ici 2010, il n'aura plus de rejet des eaux usées à la mer. D'ailleurs, la majorité des plages de la côte ouest ont été ouvertes cette année à la baignade. Pour revenir à votre question, nous pouvons distinguer, parmi les projets hydrauliques, les grands projets liés au réseau d'assainissement. Le schéma directeur a été élaboré puis actualisé en 1995. Il définit les grands axes en matière d'épuration des eaux usées pour l'ensemble du Grand Alger. La capitale est morcelée en trois bassins versants. Du côté ouest, il y a celui de Beni Messous avec sa station d'épuration. L'achèvement de ce projet est prévu pour avril 2006. Il devra résoudre l'ensemble des difficultés liées à l'assainissement aussi bien à Chéraga, Dely Brahim, Aïn Bénian, qu'une partie de Bouzaréah. Le second bassin versant est celui de Oued El Harrach. Doté d'une station d'épuration située à Baraki, il aura pour fonction d'épurer les eaux usées des quartiers allant de Bab El Oued en passant par Alger-Centre, Bologhine, Hussein Dey jusqu'à El Harrach. Quant à la partie est d'Alger, l'opération d'épuration des eaux usées devra être exécutée par la station d'épuration de Réghaïa, dont les travaux de réalisation viennent d'être lancés. Outre ces grands projets que je viens de vous citer, la direction de l'hydraulique a lancé en parallèle des chantiers de réalisation de collecteurs ou, comme on les appelle, des « émissaires », et ce, pour l'acheminement des eaux usées vers les stations d'épuration. Nous pouvons citer le collecteur de Raïs Hamidou (Pointe Pescade) qui longe la mer et qui s'achemine jusqu'au pont des Fusillés (ex-les ruisseaux). Les deux premières tranches de ce projet viennent d'être achevées, alors que la troisième phase sera réalisée en forme de tunnel souterrain qui reliera la station du 2 Mai au pont des Fusillés. Confiés à un groupement franco-algérien, les travaux viennent de démarrer. Ce tunnel se chargera d'acheminer l'ensemble des eaux usées vers la station d'épuration de Baraki. Le collecteur de Oued M'Kessel, qui est un ouvrage très important, s'étalera du boulevard commandant Mira Abderrahmane jusqu'à Chevalley. Sa tâche consistera à sécuriser totalement la zone de Bab El Oued, Oued Koreïch, ainsi que l'ensemble des localités avoisinantes. Il prendra en charge l'évacuation des eaux pluviales du bassin versant du massif de Bouzaréah. Le marché pour la réalisation de ce tunnel de 4 m de diamètre, dont les travaux ont été confiés à un groupement franco-algérien, vient d'être signé et devra débuter incessamment. Nous avons également le collecteur intercommunal qui achemine les eaux d'El Biar jusqu'au port d'Alger. La partie liée à l'assainissement sera connectée vers la Pointe Pescade, alors que celle liée aux eaux pluviales ira jusqu'au port. L'Oued El Harrach est fortement pollué. Quelles solutions préconisez-vous pour y remédier ? Pour Oued El Harrach, nous avons trois priorités. Il s'agit de lutter contre les inondations, la pollution et, enfin, la présence des riverains qui logent sur les deux rives du oued. Ce dernier point a été partiellement réglé, puisque des opérations d'évacuation et de relogement des riverains ont été réalisées ou sont en cours. En ce qui concerne les eaux usées qui se déversent dans ce oued, elles seront captées par le biais du collecteur lié à la station d'épuration de Baraki. C'est un projet très important et qui devra être réceptionné à la fin du mois d'avril 2006. Ce qui est important c'est que les eaux usées épurées grâce aux trois stations réalisées à l'Ouest, au Centre et à l'Est seront utilisées pour l'irrigation des terres agricoles. Le même processus sera utilisé pour dépolluer le lac de Réghaïa qui sera réutilisé à des fins d'irrigation. A Baraki, les eaux épurées vont être transférées vers le futur barrage de Douéra qui est en cours de réalisation par l'agence nationale des garages. Quant à la zone de Beni Messous, les eaux épurées seront utilisées pour l'agriculture des terres de Bouchaoui, de Chéraga, etc. Et pour les rejets industriels ? Cette partie du projet est du ressort du ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire habilité à s'exprimer sur ce sujet. Le réseau AEP est très important. Quels sont les projets prévus pour l'approvisionnement stable des habitants de la capitale en matière d'eau potable ? Le réseau d'alimentation en eau potable de la capitale représente 3800 km de conduite d'eau. Il est très important mais reste plus au moins performant. Nous avons 65 stations de pompage, 200 réservoirs avec une capacité de 620 000 m3, et également 175 forages, ce qui nous donne un total de 650 000 m3 d'eau pour les habitants d'Alger. Pour ce qui est du schéma directeur, il prévoit, à long terme, la réalisation de plusieurs barrages. Vous êtes sans savoir qu'Alger est alimentée à partir des barrages de Keddara, de Beni Amrane et du Hamiz. On peut ajouter à tout cela les nappes souterraines qui existent. Nous avons également le barrage de Taksebt qui est achevé à 100%. L'opération de transfert des eaux est en cours de réalisation. Celui de Koudiat Asserdoun est en cours de finalisation. Quant aux ressources non conventionnelles, nous avons la station de dessalement des eaux de mer du Hamma. Ce projet connaîtra un début d'exécution dans les prochains mois pour une délais de réalisation fixé à la fin de l'année 2007. Elle aura à traiter, à elle seule, pas moins de 200 000 m3/ jour. Nous avons également un projet de réalisation d'une station de dessalement des eaux de mer à Douaouda qui alimentera aussi bien la wilaya de Tipaza que celle d'Alger, ainsi qu'une autre station de dessalement à Cap Djenet qui approvisionnera, en plus de la capitale, une partie de la wilaya de Boumerdès. Les habitants de la capitale seront-ils bientôt à l'abri des coupures incessantes d'eau potable ? Dans trois ans, Alger sera totalement sécurisée par l'apport des stations de dessalement et les eaux souterraines dans les différents centres d'attache. Dans le cadre du contrat avec Suez, nous allons procéder à la mise à niveau du réseau AEP. Cette opération consiste à rendre le réseau plus performant, établir et actualiser les schémas directeur et, enfin, améliorer la gestion commerciale. En somme, c'est un contrat de management qui va être finalisé dans les prochains jours. Le choix du partenaire français Suez n'est pas fortuit, puisqu'il est le leader mondial de la gestion de l'eau. Les fuites apparentes se situent entre 20 et 25%. Même ceux qui n'honorent pas leurs redevances auprès des guichets de l'ADE sont également comptabilisés comme étant des fuites. Avec l'amélioration du réseau et la suppression des différentes fuites, nous allons, à coup sûr, gagner 20 à 30%.