A peine 100 000 tonnes de produits sidérurgiques ont pu être placées par ArcelorMittal Annaba sur le marché international en 2010, soit une baisse de 20% par rapport à 2009, avons-nous appris de sources portuaires. Un autre résultat peu reluisant pour la filiale algérienne du géant mondial de l'acier, puisque même la production a chuté de près de la moitié de ce qui était attendu : 700 000 au lieu des 1,1 million de tonnes prévues pour 2010. La crise a pesé. Un fléchissement que Vincent Le Gouic, directeur général de la société algéro-indienne ArcelorMittal Annaba, a expliqué par le surstockage enregistré dans certains pays de la Méditerranée, comme l'Espagne et l'Italie, dans une récente déclaration faite à un confrère en marge de la célébration de la Journée mondiale du volontariat. La saturation de leurs marchés respectifs s'est traduite, toujours selon lui, par un sérieux déséquilibre entre l'offre et la demande sur le marché mondial de la sidérurgie, qui connaît une expansion vers l'Asie, la Chine en particulier, devenue ces deux dernières années l'un des plus gros importateurs d'acier au monde. «Les plus performants ont pu vendre au niveau limite de leurs coûts de revient», a précisé M. Le Gouïc. En revanche, les mêmes sources portuaires indiquent que le complexe sidérurgique ArcelorMittal El Hadjar a importé l'équivalent de 700 000 tonnes de coke, soit une hausse de l'ordre de 35% par rapport à 2009. Pour tenter de comprendre cette instabilité du mouvement du marché international de l'acier, un ancien haut responsable d'ArcelorMittal Europe, exerçant actuellement dans le secteur de la pétrochimie en Algérie, contacté, a souligné que la baisse des ventes sur le marché mondial va se poursuivre. Cette baisse affectera surtout les produits plats à forte valeur ajoutée dont la production à l'échelle planétaire est actuellement estimée à plus de 2000 millions de tonnes. Sur ce marché et avec ses 100 millions de tonnes, le géant indien ArcelorMittal est le principal acteur, considère la même source. Depuis son installation en Algérie, le business plan du numéro un mondial de l'acier a toujours été orienté vers les produits longs à faible valeur ajoutée. En effet, sur le million de tonnes/an d'acier qu'il produit dans notre pays, les produits plats ne représentent que 200 000 tonnes, a fait savoir ce spécialiste, bien au fait des rouages du marché mondial de la sidérurgie. Cette option s'explique par différents facteurs. Si le complexe sidérurgique d'El Hadjar décide de revoir à la hausse sa production de produits plats, les boulevards leur seront incontestablement fermés. Et pour cause, sur le marché européen, sous le quasi-contrôle d'ArcelorMittal et où la consommation est la plus élevée au monde, les besoins en produits plats sont largement satisfaits. En effet, argumente le spécialiste, fort de ses cinq performantes usines européennes, le leader indien produit, à lui seul, 6 à 8 millions de tonnes. Comme autre explication, il soutiendra qu'ArcelorMittal ne peut aller au-delà des 200 000 tonnes de produits plats du fait de l'inexistence d'industries de l'automobile et de l'électroménager, les deux secteurs qui absorbent une grande partie des volumes mis sur le marché. Aussi, ajoute le spécialiste, ce type de produits nécessite un savoir-faire approfondi axé sur plusieurs critères et ce, au double plan technique et humain, c'est-à-dire un process de fabrication long et très compliqué. Des contraintes auxquelles vient s'ajouter la complexité de la logistique dans le transport des bobines depuis l'usine vers les clients étrangers de l'aciériste indien en Algérie. Selon l'ex-sidérurgiste, les prolongements des retombées de la crise mondiale continuent de peser sur le marché de l'acier. Depuis le mois de septembre 2008, date du déclenchement de cette crise, une folie persistante s'est emparée des prix. Le crude-steel, matière première entrant dans la fabrication de l'acier, tous types confondus, dont la production mondiale est de l'ordre de 1330 millions de tonnes, n'est pas resté à l'abr.