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ArcelorMittal serait-il sur le point de plier bagage ?
Tous les indices confortent cette hypothèse à El-Hadjar, à Ouenza et à Boukhadra
Publié dans Liberté le 21 - 12 - 2010

alors que le contrat de partenariat ArcelorMittal Algérie-Sider arrive à échéance, rien n'indique que le géant mondial de l'acier compte se maintenir sur les sites miniers et sidérurgiques algériens ou si, au contraire, il se prépare à plier bagage en laissant la situation en plan.
Sciemment ou non, le flou est entretenu par les parties concernées, quant à l'éventuelle reconduction de l'accord décennal paraphé en août 2001 par l'Etat avec les Indiens de LNM et qui avait insufflé un élan nouveau au complexe d'El-Hadjar alors à l'agonie, il faut le dire. Les syndicalistes autant que les ouvriers et les cadres de l'entreprise mixte sont de plus en plus nombreux à ressasser la question ces derniers mois, sans pour autant savoir de quoi demain sera fait pour eux. Les échos qui leur parviennent sur les autres actifs d'ArcelorMittal de par le monde, s'ils révèlent des résultats financiers plutôt satisfaisants, ne sont pas pour les rassurer pourtant, car ils ne font état en même temps que de fermeture d'usines, si ce n'est de ralentissement des performances opérationnelles des sites sidérurgiques. Et ce ne sont pas les “Nous sommes ici et nous y restons” ou encore “l'Algérie demeure pour ArcelorMittal un marché en croissance” lancés par le DG de l'entreprise, en juillet 2009, lors de la conférence de presse, qu'il a animée au sein de l'hôtel Sheraton d'Alger, qui apaiseront les esprits des concernés. Ces propos ont d'ailleurs été réitérés avec la même assurance par Vincent Le Gouic devant les représentants locaux de la presse à Annaba, le 28 avril dernier, à l'occasion de la célébration de la Journée mondiale Santé Sécurité ArcelorMittal. Cette fois encore, Le Gouic avait confirmé la présence durable d'ArcelorMittal en Algérie, en annonçant même un investissement de 12 millions de dollars pour renforcer les capacités de production de l'usine d'El-Hadjar par la mise en place de trois nouveaux convertisseurs. Il avait, en revanche, laissé planer le doute en déclarant que le groupe ArcelorMittal s'était vu obligé de geler tous ses autres projets de développement dans le pays, évoquant un certain “ manque de visibilité” sur les intentions algériennes. Un vaste complexe sidérurgique, destiné initialement à couvrir les besoins du marché algérien en acier, que le groupe euro-indien se proposait de réaliser à Jijel est ainsi suspendu jusqu'à nouvel ordre. Selon les raisons invoquées par le directeur Vincent Le Gouic, ce gel est dû essentiellement à la crise, qui a affecté dès le deuxième semestre de l'année 2008 le marché mondial de l'acier faisant chuter de 60 % les prix des produits sidérurgiques et la production globale de près de 15 %. Une situation soudaine qui a obligé le groupe ArcelorMittal, avec sa production de plus de 100 millions de tonnes d'acier par an à un niveau planétaire, à faire face à la concurrence des Italiens et des Espagnols en ce qui concerne l'acier importé par l'Algérie. Les observateurs économiques sont convaincus que la véritable raison du revirement est plutôt d'ordre politique et qu'elle fait suite aux mesures obligeant les partenaires étrangers à ne détenir que 49 % au maximum des parts des sociétés stratégiques, décidées par les dernières lois de finances. Il est utile de rappeler que l'entreprise ArcelorMittal Algérie détient 70 % des actions du complexe sidérurgique d'El-Hadjar et des mines de Ouenza et de Boukhadra depuis 2001 et qu'elle a bénéficié jusqu'ici d'avantages fiscaux et parafiscaux conséquents dans le cadre du partenariat avec respectivement les groupes Sider et Ferphos auxquels elle est associée. Ceci à condition, on se souvient, de garantir l'emploi aux 12 000 travailleurs des différentes usines du complexe sidérurgique et au millier environ d'autres en poste au niveau des sites miniers au moment de la reprise de ces entités par les Indiens. Il n'en fut rien de ce deal et les premiers à faire les frais de la rigueur de la gestion capitaliste du partenaire étranger furent les effectifs qui devaient être réduits en moins de 5 années de moitié pour les métallos et d'un bon quart pour les mineurs, ceci sous forme de départs anticipés à la retraite et de départs volontaires, sans que l'on procède au remplacement des “ démissionnaires”. Sur ce point, l'employeur étranger a toujours refusé de parler de plan social, même en décembre 2008, au moment fort de la crise économique mondiale. Lorsqu'ArcelorMittal avait annoncé que dans un souci de survie de l'entreprise, le Groupe pourrait supprimer, au niveau mondial, jusqu'à 9 000 emplois, soit 3% de son personnel, son représentant en Algérie, Bernard Bousquet s'était voulu rassurant en affirmant que la filiale algérienne du géant mondial de l'acier n'était pas concernée par cette saignée annoncée. Les chiffres étant là pour semer le doute, il est difficile de croire en cet engagement solennel et la situation du complexe est allée en s'aggravant, au plan notamment de la production annuelle de produits longs et plats qui n'arrive pas à dépasser le cap des 650 000 tonnes alors que ses capacités sont de l'ordre 1,8 million de produits sidérurgiques.
On peut en dire autant de la situation des mines de Ouenza et de Boukhadra, qui n'est aussi, guère reluisante. Désemparés, les mineurs se demandent ces derniers temps si la direction d'ArcelorMittal Algérie est concernée de près ou de loin par la paralysie qui caractérise ces deux sites depuis le début de l'année 2010. Deux mines de fer, qui ont, indiquons-le, une capacité totale de 3 millions de tonnes/an et qui sont reliées au complexe sidérurgique par une ligne ferroviaire.
Les réserves minières exploitables de ces sites sont de 86 millions de tonnes. On évoque avec insistance l'abandon des programmes de développement des carrés miniers, les faibles rendements de ceux-ci et l'immobilisation quasi-totale des équipements d'extraction de minerai ainsi que du parc engins de transport et de manutention. Seraient-ce les signes avant-coureurs d'un retrait en ligne calculé de la part des responsables de la filiale algérienne de ArcelorMittal ou tout simplement une attitude que l'on pourrait imputer à la conjoncture difficile que traverse l'industrie sidérurgique? On devrait en savoir plus dès les prochains mois…


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